Croyez-le ou pas, mais il y a des hommes courageux et désintéressés, qui luttent pour le bien de tous, contre les fléaux qui accablent la planète, en toute discrétion.
Même si on n’entend presque jamais parler d’eux, ils sont toujours en première ligne, dans les combats les plus inégaux. Ainsi, la région Rhône-Alpes (région bénie entre toutes, puisque j’y ai vécu mes premiers instants) se bat depuis des années contre un envahisseur sournois et implacable : l’ambroisie.
L’ambroisie est peut-être, parmi toutes les mauvaises herbes, celle qui mérite le mieux son qualificatif. Non seulement elle colonise champs et jardins, mais en plus, son pollen est particulièrement dangereux et cause allergies, asthme, conjonctivites, eczéma et urticaire. Une personne sur dix est touchée, et ça empire d’année en année. Il suffit de cinq grains de pollen par mètre cube d’air à peine pour que les symptômes apparaissent !
Face au fléau, la région s’est mobilisée. Main dans la main, élus, fonctionnaires, agriculteurs, médecins et enseignants se sont unis dans la lutte :
La région a financé un site internet très complet. On peut y apprendre comment reconnaître l’Ambroisie à différents stades de sa vie, comment ne pas la confondre avec des plantes anodines. On y apprend comment lutter contre elle, que l’on soit agriculteur, particulier, ou une collectivité locale.
On y rappelle même, et c’est assez rare pour être souligné, que les combats environnementaux sont l’affaire de tous :
« Le propriétaire, locataire ou gestionnaire doit s’occuper de son terrain en « bon père de famille » en y pratiquant un entretien à la fois régulier et adapté, de nature à empêcher la prolifération des pieds d’ambroisie. »
Parallèlement, puisque face à une telle menace, il serait stupide de lutter sur un seul tableau, les médecins et labos pharmaceutiques ont développé toute une gamme de réponses aux problèmes de santé causés par l’ambroisie : antihistaminiques, collyres et sprays nasaux, antiallergiques, broncho-dilatateurs, vasoconstricteurs, corticoïdes locaux.
Les établissements scolaires aussi participent à la lutte, en apprenant aux plus jeunes à reconnaître la plante, et en organisant des sorties d’arrachage.
C’est ainsi que malgré les premiers échecs constatés, par le concours de tous, la lutte contre l’ambroisie pourra bientôt être gagnée.
Une bien belle histoire, comme on aimerait en lire plus souvent !
…
Sauf que, ce qu’oublient tous ces gens, c’est que l’ambroisie a, comme toutes les plantes, des vertus. Et l’une des vertus de l’ambroisie est d’être, comme beaucoup de plantes, bio-indicatrice (ou bioindicatrice). C’est-à-dire que sa présence nous renseigne sur un certain nombre d’éléments, tels que l’état des sols, le niveau de pollution.
Comment ce prodige est-il possible ? C’est simple. Chaque plante a ses forces et ses faiblesses. Si des graines d’une plante donnée se trouvent placées dans une situation qui ne leur convient pas, soit elles ne germent pas, soit la plante pousse trop difficilement pour soutenir la concurrence des autres plantes.
Or, l’ambroisie est une plante des sols pauvres, qui pousse volontiers dans les régions arides. Elle prolifère sur les sols abîmés, qui ont perdu leur humus, et dont la structure a été détruite. Elle aime les sols secs, et tolère le sel, ce qui lui permet de pousser au bord des autoroutes. Sa présence massive en Rhône-Alpes nous donne donc une information claire : les sols de la région sont en train de se désertifier, détruits par l’agriculture intensive, la pollution et l’urbanisation mal maîtrisée.
Or il se trouve, et, une fois de plus, ceux qui devraient en premier lieu le savoir ne le savent pas, il se trouve que les sols, ç’est important pour l’agriculture, pour la santé, et que l’agriculture et la santé, ça pourrait peut-être être important pour l’homme, même au XXIème siècle.
Voilà donc des centaines de personnes, représentant une somme de compétences considérable, probablement avec les meilleures intentions du monde, qui mettent depuis plusieurs années, avec un admirable acharnement et l’argent du contribuable, toute leur énergie à… casser le thermomètre qui nous enseigne que nous avons, tous, très très chaud aux fesses.
En donnant consciencieusement l’exemple aux jeunes générations, en plus.
On est con, des fois.
(Merci à Thomas de m’avoir donné cette info)
Fabien.
Faudrait peut-être vous renseigner sur les ravages que font ces plantes sur la biodiversité… http://www.consoglobe.com/especes-invasives-causent-gros-degats-biodiversite-cg
Y’a pas que les problèmes de santé, qui ne sont pas à minimiser d’ailleurs, je doute que vous soyez heureux d’en avoir…
Et puis vous n’êtes pas obligé de parler comme ça surtout pour un sujet aussi banal !!!??? Peut-être que quelques infusions un peu apaisantes ne vous feraient pas de mal 😉
Et puis la pollution, on y travaille comme on peut et pas qu’à ça d’ailleurs, et si franchement vous voulez que ça bouge, vous êtes le bienvenu, dans la joie et la bonne humeur toutefois, si c’est pour nous refiler vos névroses, c’est pas la peine !
On a déjà tous notre lot !
Bonjour chez vous !
Vous avez rien d’autre a foutre que de tuer des plantes ? Tout ça pour un eternuement et deux boutons !!! Puisque vous parlez santé vous pensez pas Que regler le problème de pollution serait plus important ?? Pourquoi C’était la nourriture des dieux grecs a votre avis !!!?
Pour illustrer la destruction organisée dans la région Rhone Alpes : Arrosage de pesticides à grande échelle dans la région de Chambéry où des traitements obligatoires à la deltaméthrine ont été rendus obligatoires sur plus de 300 kilomètres carrés, sans considération pour les cultures bio existantes.
Je ne sais pas.
C’est une bonne idée de remplacer un poison par un autre : http://video.google.fr/videoplay?docid=-7900524437998582869&hl=fr
Il paraît que semer du blé suffit pour la concurrencer et pour qu’elle régresse « naturellement »… quelqu’un a déjà testé?
Je découvre ceci, sur la page de Wikipédia dédiée au moustique. On n’a pas fini de se gratter.
« L’apparition d’un grand nombre de moustiques dans un milieu aquatique est toujours liée à une dégradation de la qualité dudit milieu. On peut donc considérer le moustique comme un bioindicateur. N’étant pas particulièrement polluo-sensible, le moustique supplante facilement nombre d’espèces de macro-invertébrés benthiques inféodées aux milieux d’eaux vives et oxygénées lorsque la baisse du débit d’une rivière (installation d’une microcentrale électrique par exemple) fait monter la température moyenne et le taux de sédimentation. Le changement de substrat aquatique et la baisse du taux d’oxygène dissous entraînant parallèlement la disparition de certaines espèces de poissons (les salmonidés notamment), l’augmentation du nombre de moustiques est un phénomène généralement irréversible. On observe une corrélation entre augmentation du nombre de moustiques et pollution des nappes phréatiques (métaux lourds, produits phytosanitaires, …). »
En parlant de Nausicaä, à ceux et celles qui ont apprécié le dessin animé je ne peux que recommander la BD éponyme (toujours de Miyazaki), dix fois plus complexe et profonde. Ca donne matière à réfléchir.
Ha ! Un excellent film Nausicaà ! J’adhère particulièrement. Toutes ces notions et valeurs de paix, de respect de l’environnement, de curiosité, d’ouverture… *gros soupir*
Je l’avais déjà vu mais pas en grand écran, c’eest maintenant chose faite. A voir et à revoir, en famille ? =)
Ca serait assez amusant, des plantes qui ont pour mission de nous éliminer.
Plus simplement, la « mission » de l’ambroisie est sans doute, comme toutes les plantes qui poussent sur des sols abîmés, de protéger ce sol par leur couvert, le temps qu’ils se réparent un peu. Elle serait alors suivie par d’autres, qui se succéderaient jusqu’à ce que le sol retrouve un état satisfaisant.
Héhé, content de ne pas t’avoir fait perdre la fin de matinée alors et merci encore pour le bouquin.
Bon allez, je rajoute un ti lien sur le sujet… http://jardinage.promonature.com/jardin%20agricole/bioind.htm
Une page du site de Gérard Ducerf, auteur de l’encyclopédie des plantes bio-indicatrices: L’ambroisie nous dit « Vous fabriquez un désert artificiel »…
Je feuilletais son bouquin l’autre jour et, selon lui, chaque plante qui pousse naturellement à un endroit non seulement a quelque chose à nous dire mais en plus a une mission à accomplir dans un processus (ex préparer le sol pour les espèces futures, etc). Alors que l’ambroisie nous prévienne de nos conneries, c’est plutôt sympa et bon à savoir mais une question qui me titille l’esprit, c’est surtout de comprendre si, comme Ducerf le pense, elle a une mission et si oui laquelle… la seule qui me vient à l’esprit à l’instant c’est « faire fuire ces créatures dégénérescentes que sont les hommes en répendant dans l’atmosphère des particules qui le rendent malade »…
Tiens d’ailleurs, vous avez vu Nausicaa de Miyazaki (au ciné actuellement, et à voir!)? Je me demande à quoi ressembleront les omus de l’ambroisie…