Une des choses qu’on apprend quand on atteint un âge vénérable comme le mien (j’ai déjà ridiculisé Jim Morrison et je m’attaque à Rimbaud avant la fin de la décennie), c’est qu’on doit toujours très peu à notre propre intelligence, et toujours beaucoup à celle des autres. C’est pour ça que je me suis dit que ça serait bien de faire une petite liste de gens qui ont pensé des choses bien dans les domaines qui nous concernent.
Nul doute qu’avec un bon moteur de recherche, ils vous mèneront vers des connaissances fort utiles à l’élévation de votre âme et à la manipulation de votre bêche. Bien sûr, cette liste est totalement incomplète, subjective, et les noms qui en ont été écartés l’ont été pour des raisons totalement arbitraires.
En permaculture, d’abord, et au risque de faire bondir les nombreux adorateurs de Fukuoka qui nous lisent, je citerais Bill Mollison et David Holmgren, les auteurs de Permaculture 1 et 2 (Voir notre bibliographie pour les livres et les auteurs cités ici). Ils représentent la branche australienne (tasmanienne, même) de la permaculture. Je les cite avant Fukuoka, parce qu’ils sont à mon sens plus utiles directement, même si la sagesse orientale du vieux maître est inégalable. Je pense notamment que dans l’idée d’étendre largement les principes de la permaculture à travers le monde ébahi, ils apportent des outils plus maniables.
Je connais assez peu Dominique Soltner pour l’instant, mais sa préface de la version française de Permaculture 1 donne en deux pages ce qui, selon moi, est dans l’esprit l’une des meilleures définitions de la permaculture. Avec l’avertissement de l’éditeur du même ouvrage et l’introduction de l’œuvre, il y a à mon sens de quoi tirer des idées pour remplir une vie entière. Des sources dignes de foi me disent que Soltner a en outre fait des tas d’autres choses géniales.
Que le courroux des disciples de Fukuoka (Manasobu, de son prénom) s’apaise, le voici cité. Son travail sur la permaculture est très différent de celui de Mollison et Holmgren. C’est un vieux sage, et la force de la permaculture était sans doute avec lui. Il était capable de déclencher une révolution et les foudres des autorités avec un seul brin de paille. C’est considérable, mais c’est sans doute là qu’est le principal obstacle à la compréhension de son œuvre. Même si tout ce qu’il raconte est lumineux, une fois le livre reposé, on se demande bien par quoi on commence.
Ce qui n’a visiblement pas effrayé Emilia Hazelip, qui a adapté en France les méthodes de Fukuoka. Elle y a passé bien des années, mais le petit film qui existe sur son jardin permet de comprendre en 30 minutes l’essentiel des principes de la culture sur buttes en synergie. Associé au livre de Jean-Marie Lespinasse, «le jardin naturel », ce film constitue probablement la voie d’entrée la plus claire vers la permaculture au jardin.
Dans le genre terre à terre, Claude et Lydia Bourguignon se posent là. Ces ingénieurs agronomes ont un jour compris l’importance des vers de terre, et depuis travaillent sans relâche à sauver les sols, entre autre, des plus grands vignobles français. Claude a tiré de son expérience ce qui est probablement le meilleur livre de vulgarisation en agrologie.
Gilles Lemieux, de l’université Laval de Québec, aime couper les rameaux en quatre. Il est l’un des principaux chercheurs ayant étudié le bois raméal fragmenté, ou BRF. Il a produit des tonnes de documentation qui sauveront sans doute pas mal d’hectares de sols de la désertification dans le siècle à venir.
Parmi les trublions de l’Inra, Jean-Pierre Berlan est assez prolixe et touche à tout. Il ne se soucie pas que d’agronomie, et, s’il préface parfois les livres de Kokopelli, il s’intéresse aussi aux implications politiques et sociales des questions agricoles.
Question nutrition et foutage de gueule, Thierry Souccar peut sans doute éclairer votre lanterne quand à la manière dont l’industrie s’y prend pour vous faire manger ce qui remplit son tiroir-caisse. Et s’il s’agit d’apprendre à bien manger, Serge Renaud et Michel de Lorgeril, les auteurs de l’une des plus célèbres études de nutrition de tous les temps, celle qui a révélé au monde les vertus de l’alimentation méditerranéenne, peuvent sans doute vous inspirer. Si le régime crétois vous tente, autant prendre l’avis de ceux qui en ont découvert les vertus.
Comme j’aime bien garder les sujets de polémique pour la fin, je termine par Jean Seignalet. C’est lui qui a osé dire un jour qu’une considérable cohorte de maladies chroniques nous vient probablement de l’alimentation, et qu’il avait soigné pas mal de gens grâce à cette découverte. Ce qui lui a valu quelques milliers d’admirateurs enthousiastes, et autant de détracteurs acharnés. Comme personne n’est jamais allé vérifier les travaux du docteur, son travail reste pour l’instant entaché de doute. Même si un certain nombre d’études scientifiques ont apporté confirmation sur un certain nombre de points avancés. La révolution alimentaire ne se fera pas avec un seul brin de paille.
Espérant avoir aiguisé votre appétit de savoir pas trop convenu, je vous souhaite le bonjour.
Fabien.
« Votre attitude est à gerber »
Je crois qu’il y a incompréhension totale, là ! Je place Seignalet parmi les gens qui ont quelque chose à nous apprendre. Relisez doucement ce que j’écris, et vous verrez que je parle positivement de lui ! Faut être un peu moins tendu sur la question. Et pour info, ça fait moi aussi deux ans et demi que je suis ses recommandations pour mon plus grand bénéfice. Et si vous y regardez de plus près, vous verrez que « l’alimentation ou la troisième médecine » est dans la bibliographie du Sens de l’Humus. Et il y est depuis le début.
Mais ceci dit, l’honnêteté me pousse à signaler que personne n’a encore fait le travail nécessaire à la reconnaissance de son travail, et que donc subsistent des doutes quant aux taux de réussite affichés. Si l’honnêteté est une attitude à gerber, alors soit.
Et quand je demande si personne n’est là pour dire que c’est un escroc, c’est parce que c’est généralement ce qu’on me ressort quand je parle de lui. Mon « je suis déçu » est ironique. Un lecteur de Desproges aurait dû le comprendre.
ma réponse à Humus: ben non y a personne pour dire que Seignalet est un escroc et surtout pas moi qui suis son régime depuis deux ans et demi et qui vis enfin normalement après Vingt ans de souffrances et de galères.(spondylarthrite)
Votre attitude est à gerber et je vous souhaite sincèrement, sincèrement, comme disait Desproges, de mourur dans d’atroces souffrances
Le prochain article du Sens de l’Humus portera sur la BIointensive. Comme ça, je serai pardonné.
Bouh, y a même pas Alan Chadwick dans ta liste, l’homme qui a trouvé et enseigné comment produire sa bouffe durablement sur un tout petit terrain en faisant plein d’humus. Ni son disciple John Jeavons qui diffuse sa technique par delà les montagnes californiennes, et dont une des conférences est à l’origine du nom de ce blog. Puisse cet oubli être réparé.
Comment ça, personne pour dire que Seignalet était un escroc ?
Je suis déçu.