Semences de Kokopelli (un gros livre)

Ca y est, Kokopelli a sorti la 6ème édition de son ouvrage Semences de Kokopelli. Pour ceux qui connaissent ce livre, la 6ème édition est plus belle (toute en couleurs) et un peu plus fournie que la précédente.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’animal, voici de quoi vous faire une idée.

Semences de Kokopelli, c’est un grand et gros bouquin (grand comme ça sur grand comme ça, à peu près, même un peu plus, et plus de 600 pages), avec plein de graines dedans. C’est à la fois un manuel de production de semences et une collection planétaire de variétés potagères, nous dit la page 98.

Et le fait est que côté semences, on est servi. On évalue à vraiment beaucoup le nombre d’espèces répertoriées, et à encore plus le nombre de variétés présentées. Des variétés souvent extraordinaires, des tomates de toutes les couleurs, des courges de 300kg, des haricots à robe de vache normande…

Jusque-là, le livre est juste extraordinaire. Là où il devient (placez ici tous les superlatifs de votre dictionnaire), c’est que pour la plupart des espèces sont proposés : la classification botanique de l’espèce, son histoire, des conseils de jardinage, les plantes qu’il faut y associer, parfois les valeurs nutritives des différentes variétés, mais aussi le mode de pollinisation, la méthode de production des semences, les possibilités de création variétale.

Car les gens de Kokopelli ne s’attachent pas tant à vendre des semences qu’à inciter les jardiniers à les produire eux-mêmes, à les protéger, et même à en produire de nouvelles. On retrouve donc pour les espèces principales un chapitre érosion génétique, où l’on apprend avec effarement que la plupart des variétés anciennes de plantes potagères sont en train de disparaître, au profit de semences hybrides et brevetées, souvent issues des mêmes souches.

Et l’introduction de Semences vaut aussi son pesant de cacahouètes transgéniques, débutant par une brève histoire de la sélection, des origines aux biotechnologies, signée Jean-Pierre Berlan, qui retrace les méthodes utilisées par l’industrie semencière pour faire triompher son principal objectif : empêcher les paysans de produire eux-mêmes leurs semences et payer très cher des graines un peu meilleures (et encore, faut voir) que celles qu’ils auraient pu produire eux-mêmes.

On y apprend aussi comment le catalogue officiel recèle de moins en moins de variétés anciennes et de plus en plus de clones brevetés, interdit de fait l’inscription des semences d’amateurs, et aussi que ce catalogue apparemment indispensable à la protection des Français n’a pas d’équivalent dans nombre de pays industrialisés. On trouve encore un dictionnaire des nuisances agricoles, avant de passer à des aspects moins déprimants.

Par exemple que des systèmes agricoles traditionnels, en Inde, pouvaient produire, au moment de l’arrivée des Anglais dans le pays, à peu près autant que l’agriculture mécanisée occidentale moderne, et trois fois plus que l’agriculture anglaise de l’époque. Heureusement, la charge des impôts de la Colonie des Indes et les technologies occidentales vinrent bientôt corriger cette aberration, et les Indiens purent enfin connaître la famine. Ce qui est réjouissant dans cette histoire, c’est que les Indiens, en retrouvant leurs méthodes ancestrales, en protégeant leurs sols, parviennent aujourd’hui à restaurer leur potentiel de production.

Suit une belle histoire de maïs Hopi, d’autres histoires de semences, et le fameux Sens de l’Humus de John Jeavons auquel nous devons tout.

Viennent enfin, pour conclure l’introduction, quelques pages sur les missions planétaires de l’association, une ferme-école en Inde, une vallée magique, le travail de l’association en Amérique du sud et, en Afrique, la campagne Semences sans frontières, des propositions pour une apiculture alternative, la panoplie du parfait jardinier-semencier…

Et bien sûr, l’ensemble des rubriques est accompagné de photos magnifiques, qui culminent sur une dizaine de pages de trombinoscope des membres de l’association, trombinoscope des paysans-semenciers de l’association, trombinoscope des photographes de l’association, on a l’impression d’y être.

Si c’était pas déjà mon livre de chevet, ce serait le cadeau que je commanderais au père noël.

6 commentaires sur « Semences de Kokopelli (un gros livre) »

  1. « Si c’était pas déjà mon livre de chevet, ce serait le cadeau que je commanderais au père noël. »
    C’est drôle, je viens de le commander au Père Noël et j’espère bien l’avoir sur ma table de chevet d’ici quelques semaines.
    Je suis tombée sur ce blog en voulant faire des recherches sur l’agriculture biointensive (découverte avec Le sens de l’humus sur le site de Kokopelli), après avoir lu les deux articles référencés, je suis tombée sous le charme et, depuis, je savoure les articles un à un (et dans l’ordre où ils ont été écrits).
    Bravo pour l’excellente qualité des articles ! Un haut niveau de technicité (pour la néophyte que je suis du moins) conjugué à un style très agréable à lire, ce qui ne gâche rien.
    Merci et bonne continuation.

    (Je ne me vexerai pas si ce commentaire est effacé pour cause de « n’apporte rien au schmilblick »)

  2. On a acheté « le plaisir de faire ses graines » récemment, mais j’ai pas encore eu le temps de le lire. Au feuilletage, il a l’air intéressant.
    Il faut que je remette à jour la bibliographie.

  3. Bonjour LE,

    je possède ce livre ( j’ai eu d’autres editions avant!) et en plus de te faire connaitre un nombre de « variètés » considerable, il t’apprendra à multiplier tes plantes potagères. je la trouve très bien fait avec photos à l’appui.

    il y a d’autres livres, un aux editions du « terran »:le plaisir de faire ses graines de Jerome Goust…..tu le trouve en librairie mais aussi sur les foires, salons bio.
    il doit en exister un autre mais seulement pour les solannacées et c’est fait par « nature et progrès » si je me souviens.

    bonnes semences.
    Circee

  4. Salut Fabien,
    Je souhaite apprendre à faire mes semences, crois-tu que les infos contenues dans ce bouquin soient suffisantes ?
    @+
    LE

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