(Chaque jour ou presque, de nouveaux rédacteur tentent de réussir les terribles tests de sélection du blog du Sens de l’Humus. Mais bien peu franchissent vivants toutes les épreuves. C’est donc avec un grand plaisir que nous accueillons parmi nous notre énergéticien fou préféré, qui nous a concocté ce qui suit)
Certains de nos lecteurs se sont peut-être déjà demandé (allez savoir), ce que signifie avoir « le sens de l’humus », expression plagiant sans scrupule kokopelli, qui donne son nom à notre association.
Qu’est-ce que cet humus dont on nous rebat les oreilles, vous êtes-vous interrogé. Votre dictionnaire vous a peut-être appris qu’il s’agit d’un « ensemble de composés organiques provenant de la décomposition de débris végétaux et animaux par les organismes vivants du sol. » Mais aussi que le concept d’humus reste difficile à définir, car il existe beaucoup de stades de décompositions différents, et il semble que tous les spécialistes ne soient pas forcément d’accord sur le sens à donner à ce terme.
J’ai moi-même mis beaucoup de temps avant d’en avoir une vague idée… depuis l’époque lointaine où, ignorant du jardinage, je n’étais qu’énergéticien et je ne me désespérais que du prochain pic pétrolier et du réchauffement climatique (www.manicore.com), insouciant que j’étais! Depuis j’ai appris que l’épuisement des sols et la famine menaçaient aussi.
Alors qu’aux Murs à Pêche, on fait surtout pousser des engrais verts pour améliorer le sol, je réalise dans mon jardin en Auvergne depuis deux ans beaucoup de compostage avec de grandes quantités de matières organiques. Et je le fais mieux encore depuis l’acquisition formalisée des connaissances sur le sujet aux ateliers Compost du Sens de l’Humus. Avec la pratique, j’ai saisi l’importance de mélanger les déchets carbonés et les déchets azotés.
C’est la partie carbonée non oxydée des matières décomposées qui forme l’humus. Pour un jardinier qui veille à bien recycler tous ses déchets et qui a beaucoup de surface de végétation, le stockage de carbone dans le sol qui résulte de cette production d’humus peut même représenter une quantité de carbone non négligeable par rapport à ce qu’il émet.
Le compost est le moyen de base pour produire de l’humus, quand on démarre le jardinage. Au bout de quelques années, selon certains auteurs (Fukuoka), le compost n’est plus nécessaire, le sol absorbe tout sans problème…comme dans une forêt. Mais on n’en est pas encore là.
Rappelez-vous la ferme en semis direct sous couvert. Là, les couverts végétaux et l’abandon du labour remettent du carbone sur le sol. La paille broyée épandue sur le sol apporte du carbone, les couverts frais apportent en plus de l’azote. A terme le sol doit en théorie contenir assez d’azote en toutes circonstances (comme dans une forêt), ce que les agriculteurs appellent le volant d’autofertilité.
Les méthodes de Semis sous Couvert végétal absorbent du CO2 pour le stocker dans le sol, contrairement au labour qui en émet, font retrouver aux sols une fertilité qui n’est pas artificiellement entretenue par des doses massive d’engrais (comme sont maintenus en vie les humains usés à la fin de leur vie par des décennies de labeur, dans leur lit d’hôpital, sous perfusion), et de plus utilisent moins d’intrants (qui polluent l’eau) et de pétrole (qui s’épuise).
C’est ainsi que suivant une approche globale (holistique), on entrevoit une piste pour avoir simultanément des solutions aux problèmes de réchauffement climatique, déclin du pétrole, épuisement des sols.
Pour moi, avoir le Sens de l’Humus, c’est Penser et Agir pour la régénération des sols. Le semis sous couvert végétal pour l’agriculteur, ou le compost pour le jardinier représentent des voies prometteuses, à condition de les suivre dès maintenant.
Voies probablement incontournables si l’on souhaite conserver un environnement vivable à l’avenir, donc vivre, en fait. Sans oublier bien sûr d’aller dans le sens d’une décroissance de toutes les surconsommations dans tous les domaines : transports, viande, etc., mais ce post est déjà trop long pour qu’on s’attarde dessus.
Selon Johns Jeavons comme selon les agricoolteurs, il faut environ huit ans pour reconstituer un sol avec ces bonnes méthodes (compost+micro-agriculture biointensive ou SCV), qui notons-le ont pour point commun la couverture permanente du sol. Travaillons donc à répandre ces bonnes pratiques. Travaillons à redonner le Sens de l’Humus, à ce que les humains s’inquiètent de soigner leur terre, à se donner le courage de relever ces défis et faire un bout de jardin ou de l’action sociale, plutôt que de bêtifier passivement devant leur télé, dans la consommation dont le culte est imposé par le système publicitaire (d’ailleurs, toujours suivant cette approche holistique, les membres du Sens de l’Humus devraient soutenir certaines actions)…
On peut même se donner du temps. Parce que finalement, 8 ans pour refaire un sol, c’est relativement rapide. Diffuser les techniques, changer les habitudes, ce n’est pas si difficile, surtout si un pic pétrolier imminent sert d’aiguillon. Alors, s’il faut 8 ans… donnons nous une marge de 10 ans pour diffuser le matériel et les connaissances… et on peut se dire finalement que pour 2025 on peut avoir atteint le Facteur 4 de réduction de gaz à effet de serre, rendu la terre très riche en humus, avec moult forêts de feuillus qu’on aura replantées qui absorberont les petits problèmes climatiques résiduels.
Oui soyons rêveurs, cela changera du cynisme misanthrope sans borne qui hante les écrits de Fabien.
Puisse l’humanité retrouver le Sens de l’Humus!
Jeuf.
je me régale avec ce texte ! ça oui ! c’est avoir le sens de l’humus !
c ps suffisant
desolé je croyais etre sur l’article du brf
eric de l’ariège
A priori, le noyer pose des problèmes utilisé pur en BRF, je ne sais pas ce qu’il donne mélangé à d’autres essences. Mais on n’est pas sur le bon article, là. Ca serait mieux de continuer la discussion sur l’article dédié au BRF.
un petit renseignement : le noyer peut-il faire partie des essences
possibles (pas trop vu ds les differentes lectures sur le brf)
sinon, en attente de réponse de mon élagueur local pour me pourvoir en
échange de qq tomates de ma futur récolte (si si j’y crois)
eric de l’ariège
Ben oui, il m’arrive d’aller aux actions en question essayer de convaincre des gens de renoncer à se faire mettre en prison et de venir plutôt pratiquer les travaux forcés au Sens de l’Humus. Mais ça marche pas très bien, y’a toujours plus de monde chez eux que chez nous, à croire qu’ils préfèrent passer la nuit au poste plutôt que la journée au jardin, va comprendre.
« les membres du Sens de l’Humus devraient soutenir certaines actions »
en fait, je voulais dire qu’on retrouve, assez étrangement, beaucoup des membres du sens du l’humus aux actions organisées par le collectif dont on a lien ici, (ils les soutiennent déjà)
ce pourrait être une troublante coïncidence si on considère que ça n’a rien à voir avec l’agriculture à priori, mais ça ne l’est plus si on considère que grâce à une approche holistique et des connaissances éclectique, le lien entre destruction de l’humus et publicité ne fait pas de doute pour les humusiens (humussards? humistes?).
Je ne suis pas un misanthrope cynique sans borne, c’est même pas vrai, alors !