Pour revenir à des textes plus faciles, mais non moins fondamentaux, voici la poursuite du commentaire de la bibliographie du Sens de l’Humus. Avec un nouvel ouvrage essentiel de la bibliothèque du jardinier non-violent : le Manuel de taille douce d’Alain Pontopiddan.
On a vu que l’arboriculture représente la colonne vertébrale de bien des systèmes permacoles : l’arbre est un élément fondamental de tout écosystème productif en équilibre, qu’il soit intimement lié au système, comme dans notre exemple corse, ou qu’il en constitue la colonne vertébrale, comme dans les systèmes bocagers.
Il remplit alors une double fonction de renouvellement de la fertilité, en allant puiser les minéraux de la roche mère, et de production alimentaire (en fait, il remplit bien plus de fonctions que ça, mais on y reviendra sans doute). Une production alimentaire qui peut être importante sans nécessiter une somme de travail trop contraignante. Il est donc essentiel de savoir soigner au mieux les arbres, et notamment, quand c’est nécessaire, de savoir les tailler sans les blesser.
Le génie du Manuel de taille douce tient au fait qu’Alain Pontopiddan commence son livre par une explication de fonctionnement des arbres. Comprendre les arbres est essentiel pour les accompagner dans leur développement sans les contraindre, et tout le cycle de vie des arbres est observé dans le premier chapitre, de la germination à la fructification.
Le même chapitre est consacré à une réflexion sur les méthodes utilisées par l’arbre pour se prémunir des maladies, notamment quand il est blessé. Etant donné que tailler un arbre revient forcément à le blesser, comprendre le fonctionnement de la cicatrisation de l’arbre est essentiel avant la moindre utilisation d’un outil tranchant.
Le chapitre se clôt sur les règles essentielles à respecter lors de la taille : conserver sa structure fondamentale, couper juste ce qu’il faut au moment où il le faut. A ce point de la lecture, on doit normalement se prendre la tête à deux mains et demander pardon à tous les arbres qu’on a martyrisés jusque-là.
Viennent ensuite deux chapitres reprenant la liste des principaux arbres fruitiers, puis d’ornement, précisant leurs caractéristiques, à la lumière du premier chapitre, et en déduisant la conduite à tenir quant à leur entretien.
Chaque chapitre s’ouvre sur les principes généraux de taille des arbres considérés, avec là encore une revue du fonctionnement des arbres permettant de comprendre la finalité des gestes effectués. Des tailles plus contraignantes sont aussi abordées, allant jusqu’aux tailles architecturées des arbres d’ornement, toujours en tenant compte des caractéristiques naturelles des arbres.
Le livre se termine sur une annexe recensant les principaux outils du tailleur, leur utilisation et leur entretien, l’ensemble donnant au lecteur toutes les clés pour un entretien efficaces des arbres, leur assurant santé, productivité et longévité.
Le principal inconvénient de cette lecture réside en la mauvaise habitude que vous prendrez d’observer d’un œil désolé les saccages de vos voisins sur leurs arbres, ou le travail des services des espaces verts de votre ville. Nul doute que ça ne vous remontera pas franchement le moral. Mais bon, avec un peu de persévérance, vous parviendrez peut-être à les persuader de changer un peu, et pourquoi pas de lire ce manuel de taille douce.
Le plus de fruits possible, c’est à comprendre sur l’ensemble de sa durée de vie, bien entendu.
Je ne suis pas vraiment d’accord avec l’argument que l’arbre veut faire le plus de fruits possibles. Une plante annuelle, oui. L’arbre a le temps pour lui. Donc d’un point de vue strict de l’évolution, il peut vouloir privilégier sa longévité et donner dix fruits chaque année pendant 1000 ans, plutôt que 1000 fruits pendant dix ans.
J’ai entendu une interprétation très intéressante (il me semble que c’était à l’émission Terre à Terre -plaidoyer pour l’arbre – invité Francis Hallé) où l’arbre serait en fait une colonie de branches, comme un corail est une colonie de polypes. Alors on comprend pourquoi il peut y avoir des branches à tailler : chaque bourgeon est une branche ‘indépendante’, qui cherche à devenir un arbre entier, en se ‘branchant’ sur les ressources de l’arbre, et en se fichant pas mal du résultat. Les éléments finissent par choisir quelles branches survivront, mais si on peut aider…
Le but de l’arbre, c’est de produire le plus de fruits possible, quelle que soit leur taille, pour avoir le plus de chances possible de se reproduire. Naturellement, il ne cherche donc pas à avoir beaucoup de chair comestible autour des noyaux et pépins. Ca lui sert à rien.
En plus, quand une branche a fini de donner, il n’est pas plus pressé que ça de s’en débarrasser, et d’ailleurs, il lui faut un certain temps. Elle se nécrose, et finit par tomber.
Le but de l’agriculteur est un peu différent : il veut des fruits suffisament gros. C’est pour ça qu’on a inventé la taille.
Le manuel de taille douce propose donc une taille très proche de ce que l’arbre aurait fait naturellement. On coupe ce dont l’arbre se serait de toute façon débarrassé, mais on lui fait gagner du temps. Et on fait bien attention à la manière dont on coupe pour ne pas affaiblir l’arbre.
A part ça, je salue cette attitude sage qui consiste à ne pas agir quand on ne sait pas, surtout quand on s’en prend à des êtres vivants. C’est tout à fait dans l’esprit du Sens de l’Humus.
Moi j’ai jamais osé touché à un arbre. Je veux dire, tailler les branches. Je ne veux pas amputer les arbres. Je me suis dit que l’arbre sait mieux que moi comment produire des branches. Pourquoi il fabriquerai des branches, si non seulement ça lui coute des « efforts » (enfin, je sais pas si ça demande beaucoup d’énergie à un arbre, en fait, de faire des branche et des feuilles), et qu’en plus ça lui nuit? . je pensais qu’en enlever, ça nuit à sa productiion, puisqu’il aura moins de branche donc moins de feuille donc moins de surface de photosynthèse.. Et alors, à ce moment, les arbres qui produisent des branches bêtement qui lui sont nuisibles, ils auraient être éliminés depuis belle lurette par la sélection naturelle, sans blague, Darwin on voit à peu près ce qu’il raconte. suivant ces principes rien de ce que fait un être vivant n’est inutile (ou alors c’est des petits pas grands choses qui ont pas eu le temps d’être éliminé par l’évolution)
Mais j’ai du me trompé quelque part puisqu’on taille les arbres de toute part.
Fukuoka met un mot là dessus dans son livre…
bon je veux bien voir ce qu’il raconte ce livre sur la taille