Voici une petite réflexion sur les champs de connaissance qu’il faudrait approfondir pour mener à bien une réflexion et agir efficacement en matière d’agriculture vraiment durable. Une liste à compléter, et qui peut servir de base à toute réflexion ou action dans le domaine…
– Il faudrait connaître le fonctionnement des sols : comment ils naissent, vivent et meurent. Comment ils se forment, en fonction de la géologie et du climat. Comment les plantes et les sols interagissent. Comment l’homme peut les protéger ou les détruire, par l’agriculture, ou par d’autres moyens.
– Il faudrait connaître le climat, et la météorologie. Il faudrait notamment connaître les microclimats, la manière de les utiliser et la manière de les créer. Il faudrait aussi étudier les écosystèmes cultivés capables à la fois de ne pas augmenter le risque climatique, voire de le diminuer (puits de carbone), et de résister aux changements de climat, de causes naturelles ou anthropiques.
– Il faudrait connaître les cycles de l’eau, savoir comment la préserver, l’économiser, l’utiliser, la maîtriser, la purifier le cas échéant.
– Il faudrait connaître toutes les plantes sauvages et spontanées, leurs vertus, leur utilité. Pour ne jamais lutter en vain contre des alliés potentiels. Pour ne pas détruire ce qui a de la valeur. Etudier leur valeur nutritionnelle, leurs vertus curatives, leur utilité au jardin, et leur caractère bio-indicateur.
– Il faudrait connaître les interactions entre plantes, sauvages ou cultivées : comment elles se protègent ou se gênent mutuellement, comment elles utilisent les sols de manières complémentaire, dans le temps ou dans l’espace.
– Il faudrait connaître toutes les fonctions et caractéristiques des arbres et de la forêt. Savoir les planter, les soigner, les tailler ou ne pas les tailler. Savoir planter un verger ou une forêt résistante aux maladies, aux incendies. Savoir utiliser leur extraordinaire capacité à enrichir et protéger les sols.
– Il faudrait connaître les semences et la reproduction des plantes. Pour toujours savoir reproduire ce qu’on a fait un jour, pour adapter les plantes au sol et au climat, pour avoir des plants plus résistants, pour ne pas être dépendant d’un semencier.
– Il faudrait connaître la nutrition. Pour ne jamais s’échiner à planter année après année des plantes moins nutritives que celles qui pourraient pousser sans effort. Pour comprendre le désastre de l’agriculture moderne.
– Il faudrait connaître la cuisine, ou la non-cuisine, pour ne pas détruire les qualités des aliments qu’on s’évertue à produire. Et aussi les méthodes de conservation, de transformation respectueuses de ces qualités.
– Il faudrait connaître l’histoire, car l’histoire, outre qu’elle offre de nombreux exemples concrets d’agriculture intelligente, est riche d’enseignements sur la relativité des choses. Et à la lecture de l’histoire, ce qui paraît certain et solide devient souvent moins évident.
– Il faudrait connaître les interactions géographiques, sociales, patrimoniales, culturelles de l’agriculture.
– Il faudrait comprendre la notion de système, comment les éléments d’un système interagissent, pourquoi on court le plus souvent à l’échec si on ne replace pas systématiquement une technique dans son contexte.
– Il faudrait apprendre à voir l’espace et le temps. Connaître la patience, donner la juste place et laisser le juste espace aux choses.
– Il faudrait connaître l’usage et l’entretien des outils, des machines, voire leur fabrication. Savoir les utiliser avec discernement. Il faudrait aussi connaître la maçonnerie, savoir construire et conserver les édifices…
– Il faudrait savoir apporter à tout cela l’énergie nécessaire à son fonctionnement et à la survie de ceux qui y travaillent…
Il faudrait savoir tout ça, et sans doute bien plus encore. Ce qui me fait penser qu’on a du pain sur la planche pour quelques générations…
En plus de ça, il y a des gens qui s’y connaissent en champignons, en insectes, en mammifères petits et moyens, en oiseaux…qui connaissent des interactions…on arrivera jamais à tout savoir…
« on a du pain sur la planche »
mais non on fait plus simple…heu…des graines sur les germoirs…
Bonjour Fabien,
C’est vrai qu’il serait bon de connaître tous ces points et encore bien d’autres, à mes yeux, ce ne peut être qu’un travail d’une équipe pluridiciplinaire.
Malheureusement, la division du travail dans notre système industriel a comme conséquence que tout est affaire de spécialistes qui en connaissent de plus en plus sur de moins en moins de choses.
La question qui me taraude est comment pouvoir créer une agriculture durable pour nourrir les habitants de la terre, sans détruire l’écosystème mais en utilisant une technologie adaptée à celui-ci.
Comme tu dis, il y a du pain sur la planche.