Encore des noms

Monsieur le Ministre de la sécurité sûre, du travail frénétique et de la science enthousiaste, je me permets de vous signaler les agissements de quelques individus, lesquels agissements sont propres à causer un trouble à la joie publique et au développement multidirectionnel qui sont le souci constant de votre ministère.

Je voudrais pour commencer attirer votre attention sur le cas de Monsieur Gilles Clément. Vous conviendrez avec moi que ce monsieur est dangereux. Dans son concept de « jardin en mouvement » (comme si des plantes pouvaient bouger, que ne faut-il pas entendre), il ose affirmer s’inspirer de la friche ! Et laisser des espèces s’installer librement. S’intaller librement ! Entendre de pareilles billevesées après le vibrant plébiscite que vous a adressé le peuple ces dernières semaines ! Et Monsieur Clément récidive et aggrave son cas dans le « jardin planétaire » : il propose sans honte d’enchevétrer la diversité des êtres sur cette planète. Un vrai Woodstock écologique ! Ecoeurant.

Il me faut par ailleurs souligner les agissements de Messieurs Christian Vélot et Gilles Séralini. Ces personnages, à l’instar de Messieurs Bourguignon et Berlan, que j’ai déjà signalés, sont sans aucun doute des traîtres à la solde d’un parti écologiste étranger. Ces scientifiques éminents, qui doivent tout aux ministères de la formatation nationale et de la recherche juteuse, se permettent de cracher dans le bouillon de culture et de dire que attention, faudrait pas faire n’importe quoi avec les gènes. Comme si nos brillants scientifiques patriotes ne savaient pas croiser correctement les choux et les marmottes. De tels agissements mettent sournoisement en péril les objectifs de croissance de notre bon président et de son lumineux gouvernement d’union interplanétaire.

Veuillez ajouter à cette liste Monsieur Marc Dufumier . Cet odieux personage ose prétendre que les paysans du tiers-monde pourraient être capables de se nourrir sans l’aide de nos valeureux agronomes ! C’est clairement dénigrer trois siècles d’esprit des lumières et menacer le génie agricole occidental. Cet ennemi de la liberté veut en outre instaurer un protectionnisme d’un autre âge sous prétexte que des paysans équipés de houes ne peuvent rivaliser avec nos moissonneuses-batteuses. La dignité commande que nous n’encouragions pas une telle attitude. Ces gens-là doivent travailler plus pour gagner plus et accéder à l’équipement moderne.

Mais le plus exécrable est sans doute le dénommé Francis Hallé. Voilà un personnage qui a passé des années à se prélasser sur un hamac sous les tropiques sous prétexte d’écologie, et qui revient chez nous donner des leçons de protection de biodiversité, et nous affirme doctement que la génétique, ce serait un peu plus compliqué qu’un vulgaire assemblage de bases pyrimidiques et qu’on aurait encore beaucoup à apprendre de la forêt avant de la couper définitivement. Si tout le monde passait son temps à se prélasser comme Monsieur Hallé, où irait-on, Monsieur le Ministre ?

Je ne saurais conclure sans évoquer le dénommé Antoine de Saint-Exupéry. J’ai entendu dire que certains de ses ouvrages sont toujours largement lus, et même conseillés aux plus jeunes. C’est là une gravissime erreur imputable à des années de gestion des gouvernements écolo-culturels qui vous ont précédés. J’en veux pour preuve cet extrait de l' »oeuvre » de ce personnage :

– Bonjour, dit le petit prince.
– Bonjour, dit le marchand.
C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.
– Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.
– C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.
– Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?
– On en fait ce que l’on veut…
 » Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine…

Songez, Monsieur le Ministre, à la productivité sacrifiée par un tel comportement, et vous conviendrez avec moi qu’il est plus qu’urgent d’agir pour relever notre beau pays qui trébuche sur les pelouses mal tondues du laxisme environnementaliste.

17 commentaires sur « Encore des noms »

  1. Ryuujin a dit un jour : « Mr Dufumier est très diplomate, et il a une certaine tendance à ne jamais s’avancer »

    Depuis, Mr Dufumier s’est largement avancé, et positionné maintes fois contre les OGM, comme dans cet article de Politis du 17 avril 2008 (extraits) :

    « Politis : Sur fond de menace de crise alimentaire, les tenants des OGM redonnent de la voix. Avec de nouveaux arguments ?

    Marc Dufumier : Je n’en crois pas un mot. »

    « Politis : On parle d’OGM de deuxième génération, résistant au stress hydrique ou poussant sur des sols salés…

    Marc Dufumier : c’est un leurre, un produit d’appel séduisant, mais on les attend toujours, ces plantes miracles. »

    « Politis : L’augmentation des rendements des OGM a longtemps été une promesse. La question est-elle tranchée ?

    Marc Dufumier : Oui : aucune culture génétiquement modifiée n’a vu ses rendements augmentés, et c’est admis […] c’est une erreur de croire à la génétique pour améliorer les rendements, comme s’il s’agissait d’un facteur limitant. La solution est avant tout agronomique ­polycultures associées, haies protectrices, création de microclimats plus humides dans les champs, etc. Bref, une agriculture « agroécologiquement intensive », dont les performances sont largement prouvées. »

    Et ailleurs, dans un autre article :
    « On a longtemps prétendu les systèmes traditionnels insuffisamment productifs, mais parce que l’on s’est évertué pendant des décennies à singer l’agriculture des pays industrialisés ! », s’élève Marc Dufumier, qui estime possible d’alimenter 9 milliards d’humains en 2050, ce qui signifie un doublement de la production actuelle, « grâce à une agroécologie dont les principes de base sont connus sur tous les continents » : des haies pare-vent pour abriter les cultures ; des arbres aux racines profondes puisant les nutriments dans le sol pour les restituer à la couche superficielle quand les feuilles tombent ; sous leur ombre, des cultures associées en rotation – céréales, légumes et légumineuses, qui éloignent des prédateurs et fixent l’azote de l’air, fertilisant le sol par leurs déchets ; la couverture de l’humus pour préserver son humidité, le fumier animal pour l’enrichir… « Bref, il s’agit d’augmenter la productivité des écosystèmes locaux, et pas de monocultures qui appauvrissent les sols, la biodiversité, exigent des engrais et des pesticides issus de la pétrochimie, des machines, etc. Il n’est plus possible de préconiser des solutions coûteuses en énergies fossiles et en intrants importés, et encore moins qu’avant, avec les crises climatique et énergétique. Alors que l’agroécologie est accessible au milliard de petits exploitants – 80 % du total mondial –, qui ne possèdent que des outils manuels ! »

    Je confirme donc que Dufumier est un type dangereux.
    Pour les OGM.
    Il faut donc le dénoncer d’urgence aux autorités monsantiennes compétentes.

  2. Salut,
    « optimiser » dans le sens ou le décrit Ryuujin ( salut en passant, Gab.) ne prent en compte que les « couts » que l’agri conventionelle utilise, sans tenir compte des couts de remédiations futurs, un peu comme pour l’énergie nucléaire ou on ne répercute pas les couts de stockage à très long terme des déchets. C’est une vision partielle si pas partiale du problème.
    @+

  3. nop, cela montre que visiblement, l’achat d’un dictionnaire ne serait pas un luxe :

    OPTIMISER, verbe trans.
    Rendre optimal, donner à quelque chose les meilleures conditions d’utilisation, de fonctionnement, de rendement, notamment en économie.

    Donc un système qui pour une même production nécessite plus de main d’oeuvre, et plus de surfaces, c’est bien tout le contraire d’une optimisation…

  4. « passer en permaculture, c’est tout l’opposé d’une optimisation. »

    Cette phrase montre que tu n’as rien compris à la permaculture. Ou que tu es foncièrement malhonnête.

  5. les deux se trouvent, « permea », peut être pas en francais en fait.

    Dsl, mais la vision que tu défends de l’agriculture est extrême : c’est du jardinage, plus de l’agriculture. Il est bien dommage que tu ne t’en rendes pas comptes, mais c’est vraiment une vision idéologique ; ça transpire l’alma mater etc…

    Je t’invite à assister à une conférence de Dufumier, tu verras que sa vision des choses n’est pas si « différentes des politiques menées » ; elle en est plutôt un prolongement.
    Et encore une fois, Mr Dufumier n’a rien d’un Vélot et cie : il travaille avec le système et au sein du système pour lui imprimer une direction.

    Label ou pas, on décide pas comme ça du jour au lendemain de passer du bio à la permaculture : cela nécessite une longue conversion.
    « optimiser » : OPTIMISER, verbe trans.
    A. Rendre optimal, donner à quelque chose les meilleures conditions d’utilisation, de fonctionnement, de rendement, notamment en économie.

    passer en permaculture, c’est tout l’opposé d’une optimisation.

  6. Riuujin, tu déformes mes propos, tu fais de moi un portrait qui n’existe que dans tes rêves, pour alimenter le fantasme selon lequel je serais un « extrémiste ».
    A partir de là, tu déroules une argumentation parfaitement logique, mais qui repose sur des postulats de départ complètement faux.

    Si j’ai cité Dufumier, c’est parce que ces propos concernant l’économie agricole sont très différents des politiques effectivement menées. Rien de plus.

    C’est quoi, une conversion en permaculture ? Il n’existe aucun label, aucune charte de permaculture ! C’est juste un ensemble de principes à adapter à des situations de départ pour les optimiser.

  7. Ryuujin : En parlant de nom, je ne trouve pas de référence à la perméaculture. Est-ce le nom que tu donnes à la permaculture ? Ou bien est-ce une autre technique ?

  8. Mr Dufumier est très diplomate, et il a une certaine tendance à ne jamais s’avancer, et à dire aux gens un peu ce qu’ils veulent entendre, ou plutôt, de les laisser croire qu’il va dans leur sens, même quand il ne prends finalement pas position.
    Et pour rappel quand même Mr Dufumier est plus un économiste qu’autre chose ; l’innocuité des OGM n’est pas de son domaine d’expertise, et vous remarquerez qu’il n’a jamais affirmé la moindre chose sur le sujet.

    D’ailleurs, jamais il n’a fait le moindre discours contre les OGM, et face à des gens que ces systèmes intéressent, il ne manque pas de souligner l’intérêt de certains d’entre eux.

    C’est plutôt ton interprétation de leur propos, et la façon dont tu les places dans ta position idéologique ( pour le moins extrème ) qui est contestable, quoi qu’il arrive aussi à ces messieurs de diverger sur certains points, et que personne ne soit à l’abri de l’erreur.

    Je n’ai jamais sabré aucune pratique agricole : aucune pratique est inintéressante.
    Je ne fais que vous rappeler qu’une pratique n’est intéressante que si elle réponds à un problème, et que dans son champs d’application.
    Il y a une différence entre la promotion de ces techniques dans un contexte ou elles sont nécessaire par manque d’autres moyens, et la promotion de ces techniques dans une agriculture ou elles sont complètement dépassées par les problèmes d’échelle !
    Un agriculteur francais nourrit plus de 8 personnes ! il n’a que faire des questions d’autonomie alimentaire etc…

    Idem : la perméaculture, c’est bien dans une agriculture en ruine, qui ne donne plus rien et pour laquelle il faut assurer des rendements faibles ou des productions sur de faibles surfaces.
    Dans une agriculture telle que la notre, c’est complètement ridicule.

    D’ailleurs, en parlant de la perméaculture, vous seriez surpris d’apprendre comment Mr Dufumier a réagi à l’exposé de quelques élèves de l’INA sur une exploitation agricole en cours de convertion en perméaculture.

    Ces profs n’ont ni l’intention, ni les moyens d’être les « gourous » que vous en faites ; eux ne défendent pas votre idéologie, ils ne font que développer et explorer des alternatives court terme pour développer des agricultures en difficulté, pas pour changer la notre en quelque chose de sois-disant mieux, ce n’est ni le but, ni le moyen.

    Oui, bah c’est bien pour ça que j’en fais même si je n’aime pas ça.
    D’ailleurs, le développement agricole, c’est clairement de l’économie…

    Ceci dit, je ne dis pas que ces pratiques sont sans intérêt, il y a surement beaucoup à en tirer,mais ce n’est pas une raison pour vouloir les appliquer tels quelles ; si on peut en tirer quelque chose, il faut l’adapter à notre agriculture. ( on adapte les tchniques à l’agriculture, pas l’agriculture aux techniques ).

  9. Pourquoi ?

    Parce que Dufumier me semble très circonspect vis-à-vis par exemple des OGM. En tout cas bien moins affirmatif que toi quant à leur innocuité, leur utilité…

    Parce que Mazoyer et Roudard disent des choses très intéressantes sur l’histoire de l’agriculture, que je reporte sur ce site, et sur lesquelles je me base souvent, et que dans certaines de tes interventions, tu contredis ce que je dis, alors que ça vient en partie d’eux, et de leur travail que je considère très bon.

    Que Mazoyer, Roudard et Dufumier, tous les trois, disent des choses très intéressantes et positives à propos de pratiques agroécologiques que je défends ici et que tu démontes. Cf p91 d' »Histoire des agricultures du monde » (et d’autres pages que je ne retrouve pas comme ça), par exemple, ou discours de Dufumier.

    L’éco n’est pas ta tasse de thé, mais pourtant, on peut difficilement faite abstraction de l’éco(nomie) quand on parle de développement et de l’éco(logie) quand on parle de long terme.
    Ecologie n’étant pas forcément à prendre dans le sens « petits oiseaux » mais au moins dans le sens « gestion en bon père de famille de toutes les ressources fournies par l’environnement ».

  10. Mr Dufumier est un chercheur et professeur de l’INA-PG ( ou Agro Paris, ou AgroParisTech ) en développement agricole, cad qu’il forme les ingénieurs de l’agro et travaille à aider les pays sous-développés ou en voie de développement à choisir les projets les plus intéressants etc…

    Il est précisément l’un des agronomes qui bosse pour l’état Francais dans une de ses structures les plus conventionnelles pour aider les pays en voie de développement.

    Ceci dit, vous pouvez le citer autant que vous voulez ( tant que vous ne sortez pas des choses de leur contexte n’importe comment ) ; c’est un excellent prof et un homme remarquable.
    De même que vous pouvez citer P.H Gouyon que certains essayent aussi de faire passer pour plus « révolutionnaire » qu’il ne l’est.

    L’éco n’est pas ma tasse de thé, mais oui, il est prof émérite à l’INA ( développement agricole aussi ). Laurence Roudart est maitre de conf, dans la même UER. Ils interviennent dans le module « Sécurité alimentaire mondiale ».

    Pourquoi ?

  11. Si je comprends bien, tu considères Dufumier comme quelqu’un de tout à fait respectable de ton point de vue ? Je pourrai donc te sortir des citations venant de lui, tu les considéreras comme respectables ? C’est vraiment la meilleure nouvelle de la soirée.

    Tu n’aurais pas aussi Mazoyer et Roudard, comme profs ?

  12. J’en reviens à la question : que pensiez-vous dire ?

    Dufumier en « dissident », c’est pour le moins comique.

  13. « Enfin bref, ça donne une idée du niveau de l’article : que pensiez-vous dire ? »

    Ca paraît pourtant clair. Cet article n’a pas d’autre but que de dénoncer des gens dangereux. Forcément, un article de délation, ça ne vole pas haut…

  14. Mr Vélot et Mr Seralini sont surtout deux ex scientifique qui font maintenant un fond de commerce de la confusion qu’ils entretiennent entre leurs activités de militants anti-OGM, et leurs activités de recherches.

    Ca fait un bail que leur travail scientifique ne vaut plus grand chose, et ils sont beaucoup plus reconnus par les médias que par leurs pairs.

    A propos, faut quand même pas pousser : Mr Dufumier ( qui je précise est un de mes profs ) EST agronome, et spécialiste du développement agricole.
    Cad que son taff est justement d’aider le tiers-monde à se nourrir.

    Bien entendu qu’en théorie, ils n’ont pas besoin de nous : en théorie l’Afrique pourrait même nourrir le monde entier.
    Mais en attendant, force est de constater que le développement agricole est une des activités les plus nécessaires actuellement, et contrairement à ce que vous semblez croire, ce n’est pas Mr Dufumier qui vous dira le contraire.

    Enfin bref, ça donne une idée du niveau de l’article : que pensiez-vous dire ?

  15. Excellent !
    Merci pour ce grand moment de lecture. Ya pas à dire, rien de tel qu’un peu de délation pour pouvoir reconnaitre les ennemis de l’honnête homme qui a su dominer et asservir la nature pour un monde meilleur !

  16. Bien dit!
    et quand on songe à tous les parisiens qui viennent se prélasser aux murs à pêche le dimanche matin, au lieu d’aller aux magasins…

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