Quelques considérations pratiques sur la culture en buttes sur sol argileux

Note préalable : cet article est super intéressant, ne vous fiez pas à son titre

Avec la mode de la panique au sujet du réchauffement climatique, on a plutôt tendance à chercher des solutions pour limiter les besoins en arrosage de nos sols et pour augmenter leur résistance à la sécheresse. En soi c’est une bonne chose, mais à trop penser sécheresse on oublie parfois qu’on peut avoir aussi le phénomène inverse, à savoir l’engorgement en eau, notamment si on est sur un sol argileux et s’il y a une longue période pluvieuse et fraîche.

Un sol, comme tout le monde le sait, c’est l’assemblage complexe d’une phase minérale (issue d’une roche-mère) et d’une phase organique (l’humus), avec tous les organismes qui vivent dedans. Mais c’est aussi de l’eau, ainsi que de l’air qui permet aux organismes en question de respirer, et dont la présence est synonyme de sol meuble, dans lequel le développement des racines et la circulation de bestioles comme les vers de terre se feront aisément. Ce facteur air est le plus crucial, car il peut céder une partie de sa place à l’eau, l’inverse ne se vérifiant pas dans les mêmes proportions. Concrètement, ça veut dire qu’un sol aéré pourra absorber beaucoup de pluie sans perdre sa structure, par contre un sol gorgé d’eau ne va pas s’aérer tout seul, même s’il fait chaud et s’il y a beaucoup de vent. Ceci parce-que quand de l’eau va saturer un sol (c’est à dire en chasser tout l’air) pendant un certain temps, elle va défaire tous les petits canaux où l’air circule, qui vont alors se remplir d’eau et d’argiles en suspension, c’est à dire de la boue, en gros. Et, après des semaines interminables de pluie et de crachin pendant lesquelles la terre est super trempe parce-que it’s raining again, lorsque de nouveau il fait soleil avec du vent chaud, le seul truc que va faire ce sol c’est passer de l’état tout mou et sans air à l’état tout dur et sans air, c’est à dire devenir compact, de la même façon qu’une poterie qu’on met au four va durcir.

Alors, comment éviter qu’un sol soit saturé d’eau?
– Lui apporter de l’air, comme ça il pourra absorber une plus grande quantité d’eau s’il fait de grosses averses. Pour cela, voir les articles d’il y a quelques mois sur la culture en buttes et la biointensive .

– Mais surtout, comme le disait déjà Hippocrate en son temps, premièrement ne pas nuire. C’est à dire ne pas enlever l’air qui s’y trouve. Ce qui chasse l’air du sol c’est surtout le fait de le travailler n’importe quand et n’importe comment. Il ne faut surtout pas travailler un sol quand il contient trop d’eau. L’indice qui ne trompe pas pour savoir si on est dans la zone rouge c’est quand la terre colle aux outils. Dans ce cas-là, chaque mouvement de nos outils dans le sol va en chasser de l’air, un peu comme des coups de cuillère dans une mousse au chocolat vont en chasser les bubulles et la transformer en crème. Et même si on part d’une bonne intention, c’est à dire faire une belle butte double-bêchée bien ameublie comme il faut, en démarrant sur un sol trop humide on risque de saboter son propre boulot, donc si on veut avoir une chance de ne pas se retrouver avec un terrain compact et asphyxié, mieux vaut ne rien faire et reporter le gros oeuvre à plus tard.

Et c’est là qu’on se rend compte que la meilleure période pour faire des buttes dans ce genre de contexte c’est l’été. C’est le seul moment où un terrain gorgé d’eau à la saison froide a des chances de ressuyer assez pour qu’on puisse y essayer quelque-chose. Mais dans un potager c’est au printemps que les choses commencent, si on attend l’été c’est trop tard, pourrait-on penser. Trop tard, ou bien vachement à l’avance, question de point de vue. Car en démarrant en été on peut faire plein de trucs très intéressants, par exemple les poireaux, qu’on peut planter en août, et qui libèreront le terrain… au printemps! Ou des radis noirs, qui laisseront leur place aux fèves, etc…
Voici quelques idées de rotations démarrant en été et vous permettant de toujours occuper votre terrain : (cliquer ici)
A vous de rallonger la liste…

30 commentaires sur « Quelques considérations pratiques sur la culture en buttes sur sol argileux »

  1. Une terre argileuse dure en été est en fait trop compacte, c’est un signe de manque d’air. Si on attend qu’il pleuve pour la travailler elle risque d’être boueuse.
    Dans certaines zones pas trop pluvieuses, ou sur sol pas trop argileux, le printemps ou l’automne peuvent éventuellement être favorables.
    En revanche en climat humide et/ou sur de l’argile quasi-pure en structure litée non drainante, la dessication estivale peut s’avérer indispensable. Elle permet d’en changer la structure, ça donne in fine un sol qui arrive à retenir l’eau sans perdre sa capacité à garder de l’air.

  2. dans une terre trop argileuse …. il est presque impossible de faire une butte en été car la terre est trop dure pour la travailler !!!! donc le mieux , je pense, pour ces terres c’est l’automne ou le printemps

  3. je voudrais planter des pommes de terre dans un puits:le principe est de planter qqes plants puis au fur et à mesure de la montée de la tige ,recouvrir de terreau,le tout est enfermé dans un grillage d’1m de hauteur.
    j’ai essayé l’an dernier,je n’ai recolté qu’au fond du puits mais pas le long de la tige.
    merci de me doner des conseils

  4. Pour les disposer en étoile, j’ai un doute à cause de l’influence de l’ensoleillement quand les buttes sont un peu hautes.
    Heinz Erven conseille plutôt de les établir « selon l’axe nord-sud, ce qui fait que les 2 faces sont orientées l’une vers l’est et l’autre vers l’ouest. Les 2 pignons sont donc au sud et au nord.
    Il est intéressant de noter que la croissance des plantes est particulièrement rapide et vigoureuse sur la face est, ce qui porte à croire que le soleil du matin exerce une influence favorable. » http://www.onpeutlefaire.com/forum/viewtopic.php?p=50809
    Ce qui semble réalisable chez toi, où la pente orientée au sud est une bonne exposition pour les plantes.

  5. « Des Papous en ont fait l’expérience, en passant de leurs buttes traditionnelles dans le sens de la pente à des buttes en travers, sur les conseils d’environnementalistes australiens mal avisés »
    J’avais également lu ça dans « effondrements » de Jarred Diamond. Ce qui ne fait que confirmer qu’il est très important de prendre en considération les habitudes traditionnelles de chaque culture et territoires.

  6. « est-ce qu’il faut mieux faire de buttes dans le sens de la descente? »
    Contrairement au labour, il généralement préférable de faire ses buttes dans le sens de la pente et non en travers, sinon en cas de grosse pluie la butte agit comme une retenue d’eau, qui risque de céder, ce qui fait beaucoup d’érosion.
    Des Papous en ont fait l’expérience, en passant de leurs buttes traditionnelles dans le sens de la pente à des buttes en travers, sur les conseils d’environnementalistes australiens mal avisés : lien
    Si on les fait dans le sens de la pente, les allées entre buttes permettent à l’eau en excès de descendre.

  7. je voulait dire : aire des butte au-dessous de la mare, qui partent d’elle. En étoile même, ça serait chouette. Après, il y a juste à soulever les arrosoirs et verser pour arroser.

  8. Justement, il y a une mare. un gros étang creusé il y a plus d’un demi-sicèle. Certains ont vu les photos…
    est-ce qu’il faut mieux faire de buttes dans le sens de la descente?(parce que c’est un peu en pente chez moi, vers le sud)
    en dessous ou au dessus de la marre? je pensais : en dessus, ça sera plus facile à arroser, il y aura juste à sortir l’eau de la marre, et avec des butte dans le sens de la descente, arrosé entre les butte, l’eau descendra toute seule…

  9. « Est-ce que des buttes faites avant cette saison des pluies n’auraient pas été toutes noyées et sans air au bout d’un moment, et tassées et entièrement à recommencer? »
    On ne peut pas le savoir, mais dans tous les cas leur sol aurait quand-même été dans un état moins engorgé que ce qu’il est sans buttes. C’est du moins ce que je constate chez moi, j’ai des buttes qui étaient encore très humides au printemps mais dont le sol est travaillable maintenant, là où juste à côté le sol non monté en buttes est encore complétement engorgé.
    Comme on disait dans l’agrologie traditionnelle chinoise (je sais plus où j’ai lu ça), il n’y a pas de bonnes et de mauvaises terres, il y a juste des terres qui demandent plus ou moins de boulot pour donner des récoltes. Une terre qui tend fortement à s’engorger d’eau peut demander à être mise en buttes plusieurs fois avant d’avoir une structure correcte.
    Sinon tu peux aussi accompagner la tendance naturelle de l’évolution de ton terrain et en faire une mare avec des carpes 😉

  10. Retour au jardin, après un mois à Paris.
    Visite succinte des lieux hier soir. C’est pas joli à voir. Il a beaucoup beaucoup plu. Certaines plantes se décomposent sur pied. Papa a récolté ses pommes de terres précoces : maigre récolte, et de tubercules pourries à ses mots. Restent ses autres pommes de terre encore en pied dont certaines feuilles sont très abimés. Quand au miennes, elles avait été plantées dans de l’herbe vaguement raccourcie , pour faire de l’allélopathie : il y a un mois les pomme de terres étaient à peine plus haut que l’herbe et aujourd’ui elles sont complètement décomposées sur pied (à moins qu’elles ne soient mure? faudrait que je récolte dès que ça sera sec…).
    Il n’y a que les carottes de papa qui se tiennent à peu près…et mes topinanbours.les amaranthe, moyen
    Est-ce que des buttes faites avant cette saison des pluies n’auraient pas été toutes noyées et sans air au bout d’un moment, et tassées et entièrement à recommencer?

  11. « Mon sol en dessous est pleins de petits trou de ver à tout les fois que je creuse il y en a un »
    Ça c’est bonnard. C’est mon indicateur préféré quant à la qualité du sol, mais j’en parlerai plus en détail dans un prochain article.

    « en le bêchant ça fait un peut comme si le sol mange l’humus et compost et il reviens parreil comme il était alors qu’en ne bêchant pas l’humus reste et se mélange seulement un peut quand on travail le sol en surface, à certains endroit je commence déjà a avoir une belle terre »
    Quand on est sur sol très lourd où il n’y a de l’air qu’en surface, il faut bien sûr éviter d’incorporer de la matière organique dans une zone où il n’y a pas d’air. Mais s’il y a de l’air on peut y aller franchement, un sol en manque d’humus va digérer très vite tout ce qu’on peut y mettre. C’est pourquoi la question « bêchage ou pas » n’a pas de réponse générique.
    Quand tu dis que le sol « mange l’humus » quand tu bêches ça peut se comprendre de deux façons :
    soit il manque d’air en profondeur et l’humification ne marche pas, auquel cas tu fais bien de ne pas bêcher,
    soit en incorporant ta matière organique tu augmentes la surface de contact entre elle et la terre, du coup l’humification est beaucoup plus rapide et il ne reste pas de matière organique dans l’état où tu l’as mise, dans ce cas bêcher peut être intéressant.

    « Mes meilleurs semis ont été faites en sol très collant ce sont celles là qui ont poussé le mieux pour le moment. »
    C’est quoi exactement que tu as semé en sol très collant?

  12. Voilà je suis sur un site franchement argileux, la terre y est terriblement dur et pour le moment ce qui réussi très bien c’est la butte non béché en prnant le principe de la permaculture, avec le pallis et BRF sur certaines partie de mes potager celà fonctionne à merveille même si on à beaucoup de pluie, pour ce qui est d’un sol très tappé celà ne pose pas vraiment de problème en rajoutant branchage, paillis, fumier, j’ai un potager nouveau du printemps que j’ai fais sur une surface tappé par les chevaux, tout ce que j’ai fais c’est rajouter une couche de fumier en surface au printemps sans bêcher, tout ce que j’ai fais c’est enlever les quelques mauvais herbes qui poussais au fur et à mesure que ça poussais en attendant de faire mes semis, ce qui pousse la dedans cette année c’est du maïs et des fèves le résultat est super pour le moment.

    Pour la pomme de terre c’est assez difficile aussi avec ce sol, pour agrandir mon potager j’ai mis des vieilles moquettes, sur ces moquettes une couche de fumier de cheval j’ai planté mis mes pommes de terres avec leurs germes et recouvert le tout le vieux foin de fond d’étable, présentement mes plants sont super beau, j’ai regardé il y à quelques belles jeunes pommes de terres, les plants vont bientôt être en fleur et aucune « bibitte à patate », pour le moment je suis très sastisfaite du résultat.

    Mon sol en dessous est pleins de petits trou de ver à tout les fois que je creuse il y en a un, cette année j’ai fais aucun bêchage et j’ai même commencer à manger quelques navets parmis les hâtif dont certain sont gros comme des balles de tennis, dans ce potager de 2 ans il y a dejà une belle couche d’humus d’accumuler et j’y ai même planté des carottes qui poussent très bien comparé à l’an passé, j’ai décidé de ne plus bêcher car avec le sol rgileux en le bêchant ça fait un peut comme si le sol mange l’humus et compost et il reviens parreil comme il était alors qu’en ne bêchant pas l’humus reste et se mélange seulement un peut quand on travail le sol en surface, à certains endroit je commence déjà a avoir une belle terre à certains endroits.

    Mon sol reste humide mais pas trop justement car tout autour du jardin j’ai creusé une rigole pour un bon égoutement et même avec de très grosses pluies ça s’égoutte très bien, étant donné que je suis sur un puit individuel qui n’a pas un très grand débit je dois vraiment faire attention à l’arrosage, et cette année justement nous avons une saison fraiche et ces derniers jours nous avons eu des grosses pluies et mon sol ne deviens pas georgé d’eau de cette façon, car l’eau s’égoutte rapidement dans la rigole vue que le reste est sur des buttes, de la façon que je travail, je fais mes choses même sur un sol super collant, avec le bêchage celà est vrai mais de la façon que je fais celà ne dérange rien. Mes meilleurs semis ont été faites en sol très collant ce sont celles là qui ont poussé le mieux pour le moment.

  13. Oui quand le plant grandit le pied s’épaissit, ça devient plus foncé avec des nuances vaguement voire franchement violettes, et parfois des petits départs de racines adventives si la tige est un peu penchée.

  14. Est-ce que la tige principale des tomates est plus foncée en partant de la base du pied (au lieu d’être verte comme le reste des branches) ?
    C’est peut-être normal pour cette espèce, mais j’avais rien remarquée avant. Elle se porte bien (en pot, même espèce qu’au sens de l’Humus, et même technique de plantation hormis le charbon de bois et purin) chez nous aussi pour l’instant.

  15. « Dans le jardin de mon père, pas de problème de sol argileux ou trop humide : c’est plutôt du sable, et il a dû tomber 300mm dans les 18 derniers mois. Le maquis est déjà tout marron. »
    Ça dépasse mes capacités d’imagination.
    Ici la météo est restée bloquée depuis le mois de mars. Pour te donner une idée, les chataigniers ont fleuri fin juin au lieu de mi-mai.

    Concernant les tomates cette année m’a permis de faire le tri entre les variétés selon leur résistance au mildiou (qui ici a même touché les patates), avec en tête la Jaune Flammée et la Prune Noire de Russie. Ce sont également celles qui ont le mieux résisté aux chaleurs de l’an dernier, c’est les plus productives et en plus c’est les meilleures, que rêver de mieux. J’attends juste que l’été arrive, histoire qu’on puisse en bouffer un peu.

  16. Non pas de mildiou pour l’instant, seules les dernières fèves ont été atteintes. Les plants de tomates se portent pour l’instant à merveille. Mais c’est un peu tôt pour crier victoire car nous n’en sommes qu’au stade des fleurs et des petits fruits verts.

  17. Ben dis donc, il assure, ce blog, même pendant les vacances 🙂
    Dans le jardin de mon père, pas de problème de sol argileux ou trop humide : c’est plutôt du sable, et il a dû tomber 300mm dans les 18 derniers mois. Le maquis est déjà tout marron.

    En revanche, ça fait un mois que les tomates sont mûres, c’est à vous dégouter de Montreuil.

    Bon, on revient demain dans les brumes du nord, et la bonne nouvelle, c’est que l’été arrive ce week-end, avec probablement 30° pour le défilé de l’armée des clowns ce 14 juillet.

  18. Cette technique me semble intéresante à première vue mais je me demande ce qu’il advient de ces branchages sur sol très humide, est-ce qu’ils arrivent à s’humifier ou est-ce qu’ils pourrissent sans air en donnant du méthane? Je me rappelle par exemple que du brf se recouvrait d’un gel bactérien, puait la vase et ne voyait aucun champignon arriver dans certains endroits de mon jardin. Du coup je me dis que dans ce style d’endroits un tas de branchages avec de la terre par dessus ça serait peut-être moyen, sauf à aérer la terre sur laquelle on pose tout ça, auquel cas je me dis autant faire un butte double-bêchée.
    Mais sur les sols incultivables pour les autres raisons que tu mentionnes cette méthode-là semble en effet prometteuse.

  19. L’autre technique de buttes sur végétaux apportés (branchages, paille ou foin) me semble aussi une méthode intéressante pour pouvoir cultiver des légumes sur un sol trop humide ou posant un autre problème (acidité, pollution, roche affleurante, terre de remblai…)
    Je n’ai aps encore tenté l’expérience mais j’ai bien envie d’en mettre une en bordure de mon jardin car certaines plantes, comme l’estragon par exemple, ne peuvent être consommées tant elles sont imprégnées par les substances résiduelles de l’ancienne haie de thuyas, enlevée pourtant depuis plusieurs années.

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