Explorer les limites du BRF

Le BRF soulève auprès de certains de ses défenseurs un enthousiasme quasiment illimité, confinant parfois à la béatitude. Ah, simplement mélanger au sol une mince couche de broyats de bois, laisser le miracle s’accomplir, y plonger les mains et sentir la vie grouiller ! Une révolution pour l’agriculture, et pour l’humanité toute entière.

Pourtant, notre propre pratique du BRF n’est pas si merveilleuse. Oui, nous avons vu le sol se transformer sous nos arbres fruitiers, ces arbres s’épanouir, chasser leurs parasites et donner plus de fruits. Une vie nouvelle s’y est développée, à la suite des champignons bénéfiques. Mais à quelques mètres de là, plus loin des arbres, l’expérience s’est révélée très mitigée, le résultat sur le sol se montrant même parfois inquiétant.

Sur la partie du potager, le mycélium tant attendu n’est jamais venu. Bien au contraire, suite à l’incorporation du BRF dans le sol, celui-ci s’est révélé plutôt hostile à la vie : très peu de plantes, sauvages ou cultivées, y ont germé au printemps, les vers de terre ont déserté le secteur.

La surface est restée croûtée, nécessitant le secours d’un paillage supplémentaire. Seules les plantes mises en place après germination en pépinière y ont survécu. Sans que l’on puisse ensuite déceler une différence significative avec les autres zones du jardin : plutôt du retard dans la croissance (ce qui est normal), un peu plus de résistance au mildiou pour les tomates, mais globalement, une production plutôt plus faible que celle des plants voisins, et un sol qui reste aujourd’hui encore très lourd.

Il ne fait aucun doute que le BRF peut faire des merveilles dans certaines situation. Peut-être même dans la plupart des situations. Mais il peut aussi, dans certains cas, échouer lamentablement. Ou pour être plus précis, il nécessite parfois des précautions d’utilisation qui rendent son utilisation délicate, et donc la mise en place de protocoles adaptés indispensable.

Le BRF soulève de plus quelques autres objections, qu’il convient de prendre en compte, notamment la question de la gestion des zones boisées utilisées pour sa production. Tout cela nous conduit à poser pour nos expériences et recherches d’informations une série de questions auxquelles nous devrons trouver des réponses, ce que nous commencerons à faire lors de notre projet en Corse.

Il conviendra d’étudier notamment :

1. Les limites de l’utilisation du BRF en termes de sols, et les techniques appropriées à mettre en oeuvre sur les sols posant problèmes : il est évident que certains sols (par exemple sols argileux, calcicoles ou hydromorphes) peuvent poser problème lors de l’utilisation du BRF : dans les sols mal aérés, les champignons décomposeurs du bois, qui sont strictement aérobies, ne peuvent pas agir efficacement ; dans un sol fortement calcique, le bois se couvre d’une gangue de calcium qui empêche sa décomposition ; dans un sol trop longtemps privé d’arbres, les champignons lignivores ne sont tout simplement pas présents…

2. Les limites de l’utilisation des ressources et le cas échéant les moyens de les accroître, et les risques encourus : si le BRF devient une incitation à planter des arbres et des haies, c’est parfait. S’il devient un prétexte à piller les surfaces boisées existantes, c’est une catastrophe. Il faudra donc définir quelles sont les nuisances causées par des élagages massifs, quelle est la fréquence acceptable des interventions, quelles sont les quantités de matière que l’on peut prélever sans dommage…

3. Les opportunités d’utilisation en fonction des types de culture et des techniques utilisées. L’opportunité éventuellement de réserver le BRF à certaines cultures, en fonction de la réponse à ces 3 premières questions. Le BRF réagit généralement très positivement avec les arbres, son utilisation dans les vergers et sur les cultures de vivaces semble favorables. Mais nous avons reçu une objection d’arboriculteurs nous signalant que certains parasites pouvaient transiter par le BRF et contaminer les arbres. Il faudrait définir dans quelles conditions cette contamination est possible.

A l’inverse, l’utilisation du BRF en grandes cultures semble plus délicate. En tout cas incompatible a priori avec le labour. Mais serait-elle possible avec des techniques de semis direct ? Et quelle filière serait-elle alors compatible avec une réduction des transports et une gestion acceptable de la ressource ?

4. Les essences utilisables ou pas, et les méthodes à appliquer concernant les essences non utilisables directement en BRF. On sait bien déjà que les résineux, par exemple, posent problème dans le cadre d’une utilisation en BRF. Il est recommandé de ne pas en avoir plus de 20% dans le broyat. Il semble aussi, pour les régions méditerranéennes, que certaines essences, fortement aromatiques, posent problème. Il faudra donc évaluer, pour toutes ces essences à utilisation délicate, dans quelles conditions il est possible de les utiliser : en mélange, avec précompostage à froid, avec compostage à chaud (ce n’est alors plus du BRF, mais du compost de broussailles), ou encore dans un autre type d’utilisation, par exemple production d’énergie.

5. La question de l’utilisation du BRF en relation avec d’autres sources d’engrais ou amendements. Peut-on coupler efficacement d’autres méthodes avec le BRF (en fonction par exemple des ressources locales), peut-on vraiment à long terme n’utiliser que le BRF, etc. Avec le BRF se pose éventuellement un problème de manque d’azote. Il est sans doute intéressant de l’utiliser avec des déchets azotés, pouvant être des déchets ménagers, ou des boues d’épuration, ou des lisiers ou fumiers. L’intérêt du BRF étant sans doute, par son effet structurant sur les sols, de permettre une bien meilleure valorisation des engrais, quels qu’ils soient, et donc une diminution des pollutions par lessivage.

6. Le bilan énergétique. La question de l’énergie se pose aujourd’hui de manière inquiétante, et certains indices laissent penser que ce problème pourrait s’aggraver rapidement. Les broyeurs le plus souvent nécessaires à la production de BRF consomment de l’énergie. Inversement, le BRF assure une économie d’énergie s’il permet de supprimer certains travaux des sols fortement consommateurs de pétrole, une réduction de la taille des machines utilisées, une diminution des intrants d’origine fossile, une relocalisation de la production, etc. Il faudra donc évaluer tout cela pour s’assurer que le BRF est bien rentable sur le plan énergétique, et, si c’est bien le cas, évaluer le gain réalisé, et les moyens de l’améliorer en fonction des situations.

Ca nous laisse du pain sur la planche. Nous tenterons de répondre à toutes ces questions dans les mois qui viennent, pour certaines en expérimentant directement, pour d’autres, en épluchant les recherches déjà publiées (il y en a déjà pas mal).

Photos :

Utilisation en paillage autour d’un jeune olivier, parc de Saleccia, Hte Corse.

Précompostage de BRF de chêne et broussailles, Pigna, Hte Corse.

dsc02974.jpgprecompostage-du-brf.jpg

38 commentaires sur « Explorer les limites du BRF »

  1. OUI il faut etre Souple et adaptable au milieu et conditions
    etre Simple et naturel
    et faire avec ce que l’on a Sous les yeux . c’est la méthode des 3 S…

  2. attention à l’emploi de BRF au printemps sur des terres lourdes qui ont du mal à se réchauffer; il faut faire des trous de plantation et utiliser du compost mur; surtout il ne faut pas enterrer le BRF il vaut mieux le mettre en automne (de 5 à 7 cm) en surface (cela protège la terre et évite le tassement) et procéder par griffage avec un pic au printemps pour incorporer ce qui est déjà décomposé, le reste sert de protection contre l’évaporation; il faut au moins un an et demi avant une bonne décomposition; si possible à utiliser avec du fumier de cheval de 2 à 3 ans ;

  3. Très intéressant, vos commentaires.
    Ayant trouvé une source de BFR je vais utiliser cette ressource en grande culture .
    En semi direct sous couvert depuis 11 ans ; les couverts servent de nourriture pour le troupeau de laitières (3500t de fumier vert) et leur suite.
    Après quelques analyses de sol et de sous sol par Mr bourguignon et son labo;( pas assez a mon gout mais très chère +600€ pièce)Un constat positif sur l’explosion de la faune,de la vie bactérienne dans les 75 premier cm du sol (15 cm de terre) et de la matière organique utilisable.
    Pourtant cette année (sécheresse ) que 3,5 t de blé Ha.

  4. A propos de termites – quid des fourmis? J’ai vu des millions de fourmis dans mon potager! Serait-elles en train de croquer le bois, à l’insu de mon plein gré?

  5. Salut Manuel.
    Pour les essais en pays chauds , sur le site de DUPETY et des »JARDINS BRF » , il y a une vidéo du colloque de FIGEAC , ou E BONGO parle et montre des résultats obtenus sur un paquet de villages au BURKINA depuis 20ans d’utilisation des BRF .
    D’autres essais aussi sur le site de L’U. LAVAL .
    IL semblerait qu’en pays chaud , les termites prennent le relais des MYCE pour dépolymèriser la lignine .
    En pays chaud , ils incorporent sans attendre . Perso , intuitivement , je rajouterais une couche en plus . Dans la »copie » de pédogenèse , il me semble que la canopée et ses effets ecrèteurs des extrèmes (vent , rayons , secheresse , ravinage…) manque pour permettre a la pedofaune de travailler au plus pres de la surface .
    Le sud est a connu cet été une sècheresse persistante , et la methode « dure » lemieux :3cm en surf 2mois et on incorpore s’est trouvée en echec (broyat sec sans mycé).

  6. J’ai longtemps hésité à (dé)pos(t)er ce commentaire. Mais, bondieu!, ça tombe sous (ou sur?) le sens! Pensez-y: qu’apporterait le BRF

    – sur un tchernozem (les « terres noires » continentales d’Ucraine, par exemple), ce sol herbacé, hautement humifié, que des conditions climatiques très particulières préservent du lessivage?
    – sur des sols alluvionaires?

    Mais, bon sens, rien!

    Il semblerait donc qu’on est en présence d’un processus très complexe et qu’il n’y a pas une cause singulière qui produirait un effet! Il y a certainement des champignons et des bactéries qu’on doit entretenir et respecter, à fin d’épouser les cycles, let’s say, naturels,au lieu d’essayer de les forcer pour obtenir des rendements (plutôt, des revenus) plus conséquents. OK! Mais il y a aussi le climat, la disponibilité de l’eau, la composition du sol, l’orographie, l’histoire de l’agriculture dans le lieu en question, ekcetera, ekcetera!

    Un exemple: j’ai commencé à recouvrir de BRF (mélangé aux feuilles) sur mon potager. Sans le mélanger au sol (argilo-calcaire), jamais, parce que je pense qu’on ne doit pas interférer avec les oeuvres de la nature. Les gens, chez moi, au Portugal, me disent que je suis fou, car, s’il ne pleut pas (et il ne pleut pas souvent chez nous), ça n’aura pas d’effet. Que sais-je? C’est une zone de garrigue, à climat méditérranéen-continental, et le paysage, assez dérangé par les pratiques agricoles du passé, délaissé depuis longtemps, se compose de beaucoup d’arbustes et d’arbres, disons, rachitiques (des chènes nains très particuliers – Quercus lusitanica – , en fait des arbustes, des lentisques, etc.). Qu’est-ce qu’en sortira, de mon expérience? Je ne sais pas. Je dois attendre le printemps pour voir… Est-ce que le « mix » sol, climat (et encore, car le climat est une caractéristique à long terme, et il change, le coquin…), eau disponible, que sais-je encore est favorable?

    Et, une fois le printemps arrivé, pourrai-je tirer des conclusions définitives?

    Non, bien sur.

    Le BRF a surgit dans un contexte très particulier (Canada, etc.), disons, dans une région à climat tempéré (?) et à arbres feuillus, c.a.d., le contexte le plus favorable à l’agriculture telle que nous l’entendons. Mais, ailleurs?

    Ceci n’est pas une diatribe contre le BRF, au contraire: je continue à penser que c’est l’oeuf de Colomb, car il se borne à imiter, par les moyens techniques dont nous disposons, le cycle naturel dans les régions de forets feuillues à climat tempéré dans certaines conditions. Mais, comprenons-le bien, il y a beaucoup d’autres variables à prendre en compte, et beaucoup de travail à faire, pour trouver d’autres solutions adaptées aux différentes situations particulières.

    Bon, je m’arrète là (ou las?), car je sens que le boulot est énorme…

    Manuel

  7. BOURGUIGNON, au colloque de FIGEAC a mentionné , pour ses essais sur vignes , un effet hydrique marqué.
    Perso , je pense a

    ces terrains récemment abandonnés(20/50 ans) pour des raison de difficulte d’arrosage: les superbes terrasses qui disparaissent sous les arbres et dont les murets se détruisent sous les racines . Aux abords des villages , ça peut se retaper , pour le look ou la production , si l’arrosage est réduit .
    Je suis persuadé , qu’avec une photo d’hivers , retouchée a l’ordi et redessinée , il y a moyen de motiver des communes et de se financer .
    Pour les prairies , je pense que c’est idem foret en moins performant (monocotelydon). En foret , la pedogenèse , ds sa « vrais vie » s’effectue à 80% sur le couple lignine des radicelles/ mycèlium . le process d’humification doit etre similaire et gérer la grande majorité des élements minéraux . La prise sur la roche mère est tres faible , plus faible qu’en foret , puisque les racines sont moins profondes .
    C’est complètement dingue a visualiser , ces cycles humus-plante-racine/feuille_mycé-humus , qui tournent depuis des millénaires (foret) , avec si peu de prise sur roche chaque année , juste pour compenser l’exportation qui ne peut etre que le lessivage .
    En destructurant le système , la terre se lessive et ravine 100fois plus vite . Nous ruinons des millénaires de stock . Je comprends la colère des gens lucides comme BOURGUIGNON

  8. Salut les Humusséens,

    Juste pour vous dire que le BRF ça marche. Dans le sujet « Le jardin potager idéal contre la disette ? » du forum Oléocène, j’ai publié des photos de mon expérience, à savoir deux buttes entre « 4 planches » dont l’une a été mulché de paille et l’autre de copeaux de bois récupérés sur le bord de la route (élagage DDE). J’ai planté les mêmes cultures sur les deux buttes, avec une fumure de fumier mûr à peu près égale. Je peux vous dire que la différence de « fertilité » a été très marquée, surtout pour les patates (elles sont restées vertes plus longtemps, elles ont donné beaucoup plus que celles installées sur la paille). Alors évidement, je n’ai pas suivi de protocole bien carré, mais ça donne une idée du potentiel du BRF. Je pense qu’il faut plutôt en mettre une couche de 5 cm en surface plutôt que de l’incorporer car j’ai remarqué une forte tendance à l’assèchement à l’endroit où je l’ai mélangé au sol (terre sableuse dans mon cas). Je vais demander plus de précision à mon prof d’agronomie (ça tombe bien c’est justement la semaine d’agro, on a vu la fertilité du sol aujourd’hui).

    Je suis en train de penser à un truc : admettons que le BRF permette de meilleurs rendements, avec moins d’eau (je tiens quand même à préciser que dans mon expérience j’ai dû arroser ma butte en BRF, je n’étais pas trop au point question timing de la mise en place…), et en plus augmente le taux d’humus dans le sol. Il suffirait de moins de terre pour autant de production (les agrobusinessmen : fermez les yeux…), et donc on pourrait faire pousser des taillis ou des haies sur la surface gagnée, donc le tout BRF pourrait « peut-être » devenir une réalité. (comme le vieux du village dans Paroles de terre…)

    Technique agricole encore jeune, il faut nous laisser le temps d’expérimenter 😀

    @+ Loup E

  9. Jeuf :  » alors on pourrait se demander d’où les prairies sortes de nouveau atomes des éléments qui ne proviennent pas de l’air..  »

    De la roche-mère, bien-sûr. J’en connais qui connaissent encore très mal leur bourguignon 😉

  10. « Je me permets de revenir sur ce que disait Jeuf à propos des différentes méthodes etc. (j’aime beaucoup ta liste, au passage !)  »
    ouf, oui, merci, j’avais souhaité qu’elle succite commentaire; il n’est jamais trop tard.

    « 1- Je ne mets pas *que* des feuilles  »
    ça j’avais vu. Bon, comme je dit, il suffit de mettre un peu de tout…

    « 2- (quasiment) Rien de ce qui est dans mon jardin ne provient de l’extérieur. »
    Chez moi non plus. Mais disons que je composte du gazon (une partie de la « récolte » sur 2000m²) et des haies, je les met dans le potager (200m² en comptant large). le déplacement est un peu plus important.

    Et je n’apporte rien comme matière au gazon et aux haies. Alors il y a bien un « déplacement » irréversible (à moins de faire une rotation de la place du potage, ce qui n’a jamais été fait). Je ne sais pas ce que ça fera sur le gazon à long terme, pour l’instant il bouge pas.

    Je considère que le gazon ( ou la prairie) n’a besoin de rien… c’était ainsi qu’on fait les paysans depuis l’invnetion de la culture attelé lourde. alors on pourrait se demander d’où les prairies sortes de nouveau atomes des éléments qui ne proviennent pas de l’air..

  11. Pour les feuilles , le problème c’est le « matelas epais » qu’on a du mal a estimer l’epaisseur réelle de bois . Le probleme de l’attaque par les bactéries avant les mycé , je l’ai pas eu . Suffit de surveiller la temperature .
    Je vais « reculer mes pions » :
    L’utilisation de brf suppose de remettre en « route » un processus de pedogenèse qui demande multiplication de la faune et flore ddu sol .
    De plus la partie « engrais » (nutriments extraits de la lignine) , ne peut advenir qu’apres dépolymerisation de ladite lignine ; Et donc mise en place du process d’humification .
    Tout ça prend un certain temps , pendant cette phase « transitoire » , les conditions exogènes (sol ; soleil ; vent ; ete pourri ; sur ou sous humidification …),peuvent etre prépondérentes et affecter la « production » .
    Perso , je tends a croire que cette préponderence n’est effective que dans la phase transitoire .
    Le problème essentiel , c’est que les methodes habituelles : fumiers , purins , compostes , npk , voire Hors sol , nous ont habitué a obtenir des resultats immediats ( production, quantité , couleur …) et qu’on admet pas le retard necessaire a la structuration du sol , l’augmentation de la biomasse et l’elèvation du taux d’humus ….)
    Sur certains sites , des personnes « dégoutés » la premiere année ont eu , avec surprise des super resultats les années suivantes .
    Avec du bon sens on peut réduire cette attente : ds un coin humide et pas trop chaud , laisser se réchauffer le sol , donc , incorporer , et couvrir en juillet le pied des tomates …..ds les coins venteux , imiter la canopée en « ecretant les extrèmes en mulchant ou couvrant …..je persigne a penser que ces mesures ne sont necessaires qu’en phase transitoire de mise en place .

  12. Je me permets de revenir sur ce que disait Jeuf à propos des différentes méthodes etc. (j’aime beaucoup ta liste, au passage !)

    Deux précisions, en ce qui concerne ma propre expérience :

    1- Je ne mets pas *que* des feuilles 😉
    Effectivement il y a ppalement des feuilles (de chêne blanc) parce que ce sont des arbres hyper productifs en la matière et que j’en ai 3 dans le jardin. Mais j’y mets aussi les tontes, les tailles, les cendres du poële, le compost (aujourd’hui devenu complètement bio : ouf !),… au fur et à mesure que l’on ajoute des choses, on apprend à gérer en fonction de la partie du potager, ce qu’il préfère s’il est +/- à l’ombre, le fait qu’il faut absolument mélanger la cendre sinon c’est la cata, etc. L’impression qu’on a, c’est que c’est le jardin lui-même qui nous guide, en fait.

    2- (quasiment) Rien de ce qui est dans mon jardin ne provient de l’extérieur.
    Tout ce qui aboutit sur mon potager, ce sont des choses qui viennent soit de mon jardin, soit de ma cuisine. Pour l’instant, vu la taille modeste de notre potager et celle, honnête, de notre jardin au complet, on n’a jamais eu à aller prélever des végétaux ailleurs. En gros, ce que l’on fait c’est qu’on dégage une partie des feuilles des chênes qui tombent et on le met sur le potager. Ça représente un déplacement d’une dizaine de mètres. Je ne pense pas que ça déséquilibre fortement le système 😉

    Non, en fait 3 remarques :

    3- Sur les 7 cm : En fait ça n’est pas tant que ça. D’abord parce que ça s’est considérablement tassé. Ensuite parce qu’ici (en Provence) il fait de plus en plus sec. Là on n’a presque pas eu de pluie depuis 6 mois, c’est l’horreur. Et il n’a pas fait très très chaud, mais tout de même. Si l’on veut que les plantes aillent chercher de l’humidité dans ce qu’elles ont autour de leurs racines plutôt que dans le tuyau d’arrosage, fait leur en donner assez tout de même 😉

    Il y a aussi que si l’on fait une couche suffisamment épaisse ça aide les bestioles à se protéger. On a eu une diversité d’insectes remarquable autour du potager cette année.

    Et puis si on avait laissé tout au pied des arbres… ben ça aurait donné le même résultat au naturel ! 😉

  13. Le BRF a d’autant plus de chances d’être efficace, quel que soit son mode d’utilisation, que le sol est pauvre et sableux. Il faut s’en méfier sur les sols lourds et argileux, dans lesquels on a saturation en matières organiques. Il faut alors le tester en surface. On a eu des problèmes à Montreuil parce que notre sol est engorgé en matières organiques. Ca a bien marché autour des arbres, où on ne l’avait pas incorporé, et ça a été négatif sur le potager où on l’a incorporé.

    Je maintiens qu’en fonction des types de sols, il faut se méfier de la manière dont on l’utilise. D’après Bernard Bertrand, il y a déjà beaucoup de gens qui s’en sont dégoûtés parce qu’on leur avait promis monts et merveilles, et que chez eux, ça n’a pas marché comme prévu. Alors que je suis sûr qu’en l’utilisant différemment, ça marcherait dans la plupart des cas.

    Il y a un gros travail à faire pour sortir le BRF de la marginalité. Ne serait-ce que parce qu’un engouement massif pour les broyats serait catastrophique pour la ressource s’il n’est pas encadré.

  14. Fabien.
    Je me permets de revenir sur l(opposition bacteries/champignons en regard de l’opposition FORET/STEPPE .
    Je pense comme acquis que la « steppe » soit une forme dégradée , bien que stabilisée de la foret . Suite a un evenement climatique , la foret retrouve son statu sauf si animaux et vegetations empèchent le retour du processus canopée .
    Les textes de LEVY STRAUSS montrent bien la detresse des goupes survivant en steppes par rapport a ceux qui les ont chassés et qui restent en foret .
    L’humus de steppes des pays froids peut se stocker sur des metres depuis des millenaires , les plantes sont adaptées mais pauvres , agressés par les elements , l’humus est de moindre qualité . L’homme ne cultive peu mais elève l’animal .
    Dans le schema Pedogenèse, les bacteries viennent apres les champignons qui ont dépolymérisé la lignine . Ils font partie de la chaine . Je ne pense pas qu’il faille dissocier deux process.
    Les constats , retards , sur les experiences et essais , a mon avis ne proviennent que du fait que pendant 2, 3 , 5 ans on est en periode de transition . Mon taux d’humus (grave/sable / lessvé 20ans …) ne doit pas depasser 1% , en un an la terre est devenue noire , mais je pense qu’il me faut trois ans pour voir le quantitatif intervenir . La qualité et le non arrosage me suffit .
    En un ans on ne peut pas esperer mult par 200ou 500 la masse de faune !! .Tous ces cycles se mettent tres vite en place , mais faut pas rever qd meme et les conditions ext sont impliquées .
    ecreter les extremes en pensant a la canopée (arroser , couvrir …).
    Je voudrais pas passer pour fanatique , mais ça serait plus chiant de passer a coté d’une « panacée »

  15. Bonsoir .
    Pour le peak oil , je pense qu’il y a des « modèles » ou l’elec resterait disponible mais cher (X 5 ?). pour les broyeurs ça serait faisable.
    Autrement , la reutilisation des moulins ‘(eau/vent). ou bricolage style velo/derailleur sur axe et roues de camion plein de sable (energie cinétique) sur broyeur a couteau tangeanciel (faible vitesse)
    Fabien : c’est vrais et faux . On est dans « le premier wagon » et pour la recherche optimum ou de comprehension , il y a un max de boulot (moi , dommage , suis trop vieux!).
    Mais ça marche tres bien sans se prendre la tete . Les echecs ou plutot « retards » sont plus du a la mauvaise gestion de l’humidité et autres facteurs (uniquement en phase transitoire de mise en place ). La pluspart des resultats sont positifs des la premiere année .
    Ce qui manque c’est l’absence de support des « instances « officielles , le manque d’essais scientifiques .
    Le peak risque de booster le BRF . Imagine : plus de NPK (ou trop cher), moins de fumier . Le BRF est a la fois engrais et humifiant . Juste le changement de paradygme qui est dur a avaler : l’inconscient collectif .
    Dans notre societe actuelle , le BRF , n’aurait aucune chance . La seule logique du système est economique ; la raison , santé , survie ….ne pese rien .
    C’est meme fou de penser qu’il faille une raison « exogène » pour ne pas aller ds le mur , que par lui meme , l’homme serait infoutu de le faire.
    Le discour « gros travail …..pour moi c’est pipeau; tu broies , tu incorpores …si tes conditions sont severes , tu reflechis ….a essayer d’imiterla canopée . (humidité , couverture….)de façon a ce que la faune et flore puisse bosser a l’abri presque en surface .

  16. On a rencontré Eléa et Gilles, et aussi Bernard Bertrand, à Marjolaine. Tous sont bien conscients, aujourd’hui, après l’enthousiasme de départ, que le BRF nécessite encore un gros travail de recherche et d’expérimentation, et a ses limites (notamment de volume utilisable).

    Ce qui est une raison de plus pour s’y intéresser. Ca serait pas drôle si c’était si facile.

  17. Ce qui est dommage c’est que n’apportes pas tes commentaires et relations d’essais
    Je sais et je le regrette aussi mais mon hétéronomie actuelle me mange mon temps, aussi je me limite à des interventions ponctuelles par ci par là.

    En même temps ce que je raconte là, j’en ai un peu déjà parlé sur onpeutlefaire et sur lesjardinsdebrf (korrotx c’est moi), et une des raisons pour lesquelles je n’y traîne plus trop c’est que j’ai un peu de mal avec jackausse et lilirevival (bien que ce fut nettement pire au début).

    Concernant le peakoil justement, je me demande comment faire tourner les broyeurs si blackout du réseau électrique ou pénuries d’essence…
    Par chez moi dans le temps on avait des sortes de haches-pilons pour broyer l’ajonc pour la litière des vaches. Il va peut-être falloir les ressortir et/ou s’en fabriquer…

  18. Que tu prennes des distances sur les discours 100% BRF , je comprends tres bien .
    Ce qui est dommage c’est que n’apportes pas tes commentaires et relations d’essais .
    Sur « Les jardins de BRF » on est nombreux a ne pas avoir ton niveau et ton vécu . Un argumentaire « éclairé et étayé » suplémentaire serait le bienvenu .
    L’entousiasme du « Neo » comme moi , amateur , provient surtout du caractère « messianique » du message : le ligneux lave plus blanc que l’herbacé — chassé du paradis terrestre par la porte on y retourne par la fenètre —
    C’est sur que des civilisations ont survécu sur des steppes (tres mal d’apres LEVY STRAUSS), mais tout concourt a conforter l’idée : ceux qui pratiquent depuis 20/30ans ; le developpement des TCS; Bourguignonqui n’en parlait peu , fait des recherches sur vignes/BRF (colloques de Figeac , video a telecharger sur le site de DUPETY ou sur les jardins
    De plus , une decouverte comme ça , il n’y en a pas trop par siecle , et on est ds le premier wagon . Moi , je suis trop vieux ….domage …avec le peak oil , et les modèles les plus cool qui seront qd meme pas si cool , le NPK est hors jeu (ça bouffe un max d’energie (800kg/1000kg),
    j’ai peur que le choix soit entre les couches culottes (boue urbaines)et le BRF ; exit aussi les fumiers , je crois que les produits fourragers proviennent des us par bateaux .
    On risque de se trouver en lutte bois/energie et bois /brf.

  19. Chez moi il y a des éléments ligneux dans le compost (en fait j’en ai marre d’acheter de la sciure pour mes toilettes sèches donc je mets de la ronce broyée à la place, c’est moins cher et ça sent meilleur), pourtant au final ils se désagrègent bien. C’est vrai que les mycéliums crèvent à 50, mais si on réalise un compost à même le sol, les champignons peuvent alors venir coloniser le tas et s’attaquer à la lignine après la phase chaude (un tas de compost n’est pas un élément isolé, il interagit avec ce qu’il y a autour, dont les champignons).
    J’ai remarqué ça chez moi, notamment avec un compostage en tas réalisé sur de la glaise sortie d’une tranchée (donc d’une zone anaérobie donc vide de champignons), le compost a avorté, il a chauffé puis n’a plus bougé pendant plusieurs mois. Je l’ai ensuite étalé comme un mulch, et là il a changé d’allure et commencé à héberger des Eisenia. D’autres composts montés sur du sol aérobie ont toujours évolué normalement.

    Concernant les antibio j’ai justement lu le contraire (voir Joseph Orszagh, site eautarcie), la phase chaude du compostage en tas permettrait de détruire bon nombre d’entre eux, ainsi que d’éventuels pathogènes d’origine fécale.

    Malgré les pertes (je pense surtout au carbone, je connais moins l’aspect azote) qui sont dues à la phase chaude du compost en tas, je ne vois pas de meilleure méthode pour gérer mes toilettes sèches, ni pour me faire du substrat de semis. D’après Bourguignon, le compostage en tas de la matière fécale (de bétail ou d’humains) permet de donner plus d’humus que son épandage direct. Ce qui n’est pas le cas des matérieux ligneux pauvres en azote (typiquement le brf) pour lesquels l’épandage direct est préférable (d’après Mollison).
    C’est pourquoi je fais les deux.
    Et c’est pourquoi je me suis toujours tenu à distance du discours « 100% brf » que je peux voir ici où là, parfois à renfort d’approximations un peu grosses pour faire passer le message, qui se retrouve ainsi un peu décrédibilisé.

    ayant incorporé en automne
    Je fais pareil et c’est carrément mieux qu’en hiver ou début de printemps.

  20. La pedologie n’est pas ma formation de base . C’est l’aspect philo et changement de paradygme des BRF qui m’a bouleversé .
    Pour les compost,(toujours sur le plan theorique) , plusieurs choses me gènent :
    — on est en grande majorité sur de l’herbacé (monocotelydon).
    –S’il se trouve du ligneux , la temperature de compostage ayant dépassé les 50degrés , les mycé concernés détruits (pourriture blanche), on a un phénomène anaerobie ou interviennent des micro(?) infoutus de dépolymériser la lignine presente .
    –une partie importante d’azote (50,70%) serait dégagée ds l’atmosphere — Ce process ne se retrouve pas « naturellement » ds la vraie vie des plantes
    — il y a aussi un phenomène « cumulatif » des pollutions de metaux et autres antibio…associé a un manque de traçabilité.

    Apparement je me plante un peu en visualisant les compost comme des elements directements utilisables . Ils seraient , de façon modérés (on reste ds de l’herbacé) acteur de pedogenèse .
    Je focalise pas sur la »faim de N » , c’est juste ce qui m’a interpelé sur ces cycles complexes .
    Pour J HEBERT, je pense que le terme « précompostage » est utilisé par comodité . Ceux qui l’ont visité disent qu’il garde ses tas 2à3 mois , les retourne deux fois, et veille a ce que l’echauffement se limite a 30/40degrés .
    Perso , m’etant refusé de rajouts divers , ayant incorporé en automne , je n’ai pas eu de « faim » marquée , ni de production du siecle (sol graveleux hyper pauvre et hyper lessivé); Par contre fraises et legumes d’un gout tres marqué(affectif=suggestif) peut etre meme trop fort parfois …et tous les merles du coin pour les lombrics .
    Je ne fais presque plus de compost , (mes allées ressemblent a du pop art .)

  21. Dans le compost (à la différence du purin d’ortie par exemple) on apporte de la MO contenant entre autres des champignons liés à la lignine, mais ce n’est pas encore de l’humus (même si une partie du processus est déjà commencé), et encore moins des nutriments directement absorbables par la plante. Mettre du compost fait également intervenir les biocénoses du sol pour que les plantes puissent en profiter, et même s’il n’y a pas de faim d’azote, même si le processus est un peu plus rapide qu’avec du brf, il faut quand-même attendre que les biocénoses fassent leur boulot pour que les plantes puissent utiliser ce dont elles ont besoin.
    À ne pas confondre avec les purins (ex. purin d’ortie) où l’effet est très rapide et visible en quelques jours.
    Utiliser des purins de plantes (glop) ou du NPK (pas glop) c’est effectivement nourrir les plantes directement.
    Utiliser des trucs en « gros » morceaux comme du mulch, du brf, du compost (vive les toilettes sèches!) ou du brf précomposté comme Hébert (ça d’ailleurs c’est quoi, du brf ou du compost?) c’est nourrir le sol.
    La différence entre les deux n’est pas pour moi l’existence ou l’absence de faim d’azote, vu que dans le cas du compostage en tas (fort utile pour la biomasse fécale) il y a également des phases qui mobilisent l’azote. La différence est qu’avec le compostage en tas une partie (mais pas tout) du processus a lieu avant l’épandage.

    Si les humus d’origine ligneuse sont effectivement plus stables que ceux d’origine herbacée, toutes les plantes cultivées ne sont pas d’origine forestière et certaines peuvent préférer ces derniers.

  22. Je vais essayer . Je ne suis pas specialiste en ce domaine qui d’ailleur en comporte 5ou6 de specialités . Ce qui fait que les plus honnetes des specialistes avouent que l’on ne maitrise pas 5% de ce qui se passe entre sol et plante .

    Bien sur , je « provoque » en annonçant le bio « nonbio ». Pourtant mon raisonnement se tient :

    M’interressant au BRF , le problème de la « faim d’azote » m’a interpelé (quelque part).
    La regle admise etait de « compenser » cette faim créée par le besoin des mycé en azote pour se developper et multiplier , par la mise a disposition pour les plantes d’azote sous forme de compost ou fumiers , voire npk …ce phenomène etant de faible durée .
    Un des « thesard » , chercheur a l’U. LAVAL a signalé que cet apport risquait de suprimer ou retarder les process d’humification .
    En s’y penchant de plus près , sur une des interraction que l’on connait , on s’aperçoit qu’il existe un « RELATIONNEL » complexe entre la plante , le sol et ses habitants . Ce que j’en ai retenu :

    —Qd la plante veut des nutriments , elle envoie un « message » au sol par ses racines : des sucres probablement obtenus grace a la photosynthèse .
    – Ces sucres font la joie de la microfaune (enzyme , micobes , bacteries ?) Ils vont se multiplier (les scientos parlent d’explosion de population)
    – Ces sucres les aident a « brouter » la lignine dépolymérisée au préalable par les mycé (100types de mycé pour une seule espece d’arbre!)
    – là dessus arrivent la pedofaune (accriens micro jusqu’au lombric -80% du poids de la faune sur terre ) . Apres je suis plus trop . tout le monde s’entrebouffe joyeusement . On pourrait schematiser cette « PEDOGENESE » par des milliers de cycles interractifs.
    Il en resulte un humus et des nutriments disponibles (solubles?) pour la plante . L’humus est de grande qualité , peu lessivable , tres stable au regard des humus d’herbacés .
    -Les apports a la plantes sont ce qu’ils sont . On s’est aperçut recement (10ans) qu’il n’existait aucune recherche ni doc sur les branches et leur contenu (et pourtant y’en a des chercheurs!!). L’U. LAVAL possedant des labos a fait des analyse et s’est aperçut de l’enorme richesse en nutriment des bois « juvénils ».
    – Ces faits paraissant ACQUIS , je me suis dit que si on nourrissait directement la plante de nutriments soit chimiques (NPK) soit « NATURELS » , il se posait deux questions :
    1/ sont ils complets par rapport aux besoins de la plante
    2/ Le sol et sa population n’etant pas interpelée par les plantes se trouvait sur un seuil BAS , et les apports autres que ceux des « perfusions » fragiliseraient peut etre la plante .
    En tous les cas le fait de suprimer un grand nombre d’interractions biologiques me permet de remettre en cause l’appellation BIO Des procédés ainsi nommés .
    Désolé pour la longueur .

  23. fournir du compost ou du fumier a des plantes , c’est nourrir directement la plante , la mettre “sous perfusion” avec des nutriments pre digeres ou compostes
    Je vois pas bien le rapport. Tu peux détailler?

  24. Juste une precision: La decouverte majeure qu’ont fait les quebequois , c’est de substituer le ligneux a l’herbacé(Compost ou fumiers) . L’humus résultant serait de qualité et quantité superieure . La pedofaune stimulée multipliée .
    A mon avis c’est l’essais le plus urgent a realiser: 1planche NPK, 1planche BIO compost ;1planche BRF et de controler la biomasse de chacune .
    Le problème de la « faim d’azote  » (demande de la plante par des sucres qui multiplient la microfaune et la depolymerisation de la lignine etc…)semble demontrer (a confirmer) que fournir du compost ou du fumier a des plantes , c’est nourrir directement la plante , la mettre « sous perfusion » avec des nutriments pre digeres ou compostes , et donc suprimer nombres interractions avec le sol et ses habitants .
    Dire que le bio est un produit sain , non pollué , mais ne merite pas le qualificatif de bio puisqu’il suprime une grande partie du relationnel de la plante avec le sol , est tres provocateur mais pourrait etre fondé .
    Quand aux mises en applications , je pense que la phase de mise en place doit etre instable et qu’il faut essayer de compenser l’absence de canopée (couverture , humidification , rayonnement …)

  25. et puis pour la production de minéraux, j’essayerai prochainnement de vérifier par moi-même (avec une analyse au spectromètre de masse) s’il peut y avoir de la transmutation biologique 😉

  26. Je profite du fait que Fabien parle d’éléments lessivés pour préciser la nuance entre lessivage (entraînement en profondeur des particules d’argiles dispersées, provoquant ainsi leur accumulation dans un horizon argilique qui devient plus ou moins imperméable) et lixiviation (entraînement en profondeur des minéraux sous forme ionique, dissous ou adsorbés, présents dans la solution du sol). La lixiviation est le phénomène à l’origine de l’acidification spontanée des sols non calcaires (comme les sols de montagne par chez moi, où prospèrent fougères et bruyères), elle est aussi à l’oeuvre dans la pollution des nappes phréatiques par nos amis les nitrates.
    Si les arbres permettent de faire remonter les minéraux lixiviés, pour les argiles lessivées en revanche je doute qu’ils soient d’un grand secours, mais j’ignore peut-être des trucs.

    elles aident aussi à altérer la roche-mère et à en retirer les minérauxMême la ronce? J’ai pas d’info là-dessus, si tu en lis quelque-chose dans ta biblio ça m’intéresse.

  27. Les plantes ne permettent pas que de faire remonter les éléments lessivés, elles aident aussi à altérer la roche-mère et à en retirer les minéraux. Surtout les plantes dont les racines sont en permanence au contact de cette roche-mère, c’est-à-dire les arbres, ou les plantes vivaces (prairies permanentes, par exemple).

    On peut donc retirer d’une forêt ou d’une haie une quantité de matière correspondant à ce que les plantes sont capables de retirer de la roche-mère sans épuiser le sol en minéraux et oligo-éléments. Moins ce qui est perdu par le sol d’une manière ou d’une autre.

    Cette quantité de matière sera probablement très variable en fonction de l’état de la végétation (climax ou pas), du climat, du type de roche du sous-sol, de la topologie…

  28. Je pense qu’une haie ou une prairie dont tu exportes de la biomasse peut tenir sans être vidée de sa matière organique, si elle est capable d’en produire en surplus. C’est le cas de plusieurs plantes à grains dans la méthode biointensive (seigle, maïs, sorgho…), qui sont d’ailleurs cultivées pour cette raison, et c’est probablement le cas d’autres plantes, par exemple la ronce, en qui j’ai assez confiance pour assurer cette tâche.
    Le problème vient plutôt des minéraux, c’est à dire qu’à force de toujours déplacer de la biomasse dans le même sens on risque de faire des carences dans la zone « exportatrice ». À moins de considérer que les minéraux se lixivient et qu’entourer son lieu de culture avec des haies dont on utilisera la biomasse est une façon de les faire remonter. Mais ça ne marche que si les lieux de culture sont assez petits, je ne sais pas sur combien de mètres les minéraux peuvent circuler en sous-sol mais au delà d’une certaine distance la zone de haies sera carencée en minéraux à terme.

  29. En fait, à mon avis ce que raconte Mirza, avec d’autres faits constatés par ailleurs, c’est que tant qu’on met plein de matière organiques sur la surface du sol, on a de bonne chance d’obtenir un beau jardin avec de la terre noire et des gros légumes en formes. Que ce soit du BRF (Dupety), de la paille (Fukuoka), des feuilles(Mirza), du foin (Jeuf (voudrait bien tester)), du compost( Soltner, brochure ADEME sur l’usage du compost urbain), du bois brulé (terra preta), de la terre superficielle (cf « histoire des agriculture du monde » : création de buttes en concentrant sur une faible surface de la terre arraché à la houe, procédé effectué, je crois, au burkina-fasso). Ou encore, la méthode de culture millénaire en europe qui consiste à faire paitre les vaches sur les terres non cultivié, et récupérer le fumier pour l’enfouir à charrue avant la culture du blé…

    Le problème, ce que dans chacun de ces cas, sauf Fukuoka et Jeavons, on doit piquer cette matière à un autre terrain (foret (mirza 7cm de feuille c’est énorme à mon avis), prairie, agriculture qui se sert pas de sa paille, compost urbain pas tout utilisé). ça va si on est pas trop nombreux sur un territoire et que le prélèvement se fait sans forcer, sur des terres inutilisée. Par exemple moi en auvergne, je ne manque pas de place, potentiellement je n’aurai aucun scrupule à prendre l’herbe des vaches pour obtenir à la place de la nourriture de manière bien plus efficace, mais à d’autre endroit ça a fait ou ça fera des problèmes

  30. PS : Ah oui, j’ajoute : pas la moindre attaque de bestioles depuis le BRF (à part un escargot qui nous a dévoré trois bébés-pieds de melons au mois de mars). Et une telle vie dans le sol ! Ça grouillait de partout, c’était magnifique, super diversifié.

  31. Petit téoignage : Cette année on a fait un pseudo-BRF dans notre potager.

    Pseudo-BRF = pas vraiment un BRF, mais un truc à mi-chemin entre le mulch et le BRF. En gros, tout l’hiver on a ramassé ce qu’on trouvait dans le jardin (feuilles de chêne principalement) et l’on l’a déposé sur le potager, + les cendres du poële à bois, et puis ensuite pendant l’année on y a ajouté tout ce qu’on avait à y ajouter : déchets végétaux (en direct, sans compostage), branchounettes, etc. Le résultat, partout, a été proprement époustouflant : avec un minimum d’arrosage (tout de même, on est en Provence, il n’a pas plu depuis des mois et des mois), on n’avait jamais eu une récolte aussi bonne, à la fois en quantité et en qualité.

    Et notre terrain, à la base, est très fortement argileux.

    Ah oui autre chose : notre terrain, c’est une ancienne vigne, puis ça a été un jardin abandonné pendant une dizaine d’années où les tracteurs venaient joyeusement faire leurs manoeuvres. Donc le sol était complètement tassé à mort, et presque plus rien n’y poussait à part des spiagous. Ça fait deux saisons qu’on y est : la première saison, on avait dû retourner le sol (ben oui, un minimum, sinon on ne pouvait rien faire tout de suite et c’était urgent), et la seconde on a fait ce pseudo-BRF. La différence a été incroyable entre les deux années aussi : au bout de quelques semaines de pseudo-BRF, la terre était humide, meuble, sombre et belle, et dès qu’on creusait le moindre petit trou pour y planter quelque chose on y trouvait 2 ou 3 vers de terre.

    Et toutes nos cultures y ont trouvé leur bonheur. Même le vieux pommier tout abimé qu’on a au milieu du potager, que l’on pensait sauvage, nous a fait des fruits de la taille d’un pommier d’élevage et un feuillage qu’on ne lui pensait même pas capable d’imaginer dans ses rêves les plus fous.

    Bref, pour un coin de Provence, et donc à mon avis pour un coin de Corse ça doit marcher aussi, cette méthode me semble franchement nickel. Par contre, personnellement je suis assez contre l’obéissance stricte à une méthode : plutôt que de faire pile-poil comme ils disent dans les bouquins de BRF on a fait comme on le sentait, parce que notre jardin c’est nous qui le connaissons, donc on s’est basés sur notre propre perception du lieu pour procéder comme on en avait envie, comme ça nous semblait juste et équilibré. Jusque là, il nous l’a bien rendu !

    Illustration au mois de février dernier : http://pcpl.blogspot.com/2007/02/les-pieds-du-jardin-au-chaud.html
    (quand on avait commencé à recouvrir de feuilles de chêne)

  32. J’ai un pote qui me disait qu’il y a du point de vue biologique deux grands types de sols, ceux qui fonctionnent essentiellement sur la base des champignons, et ceux qui fonctionnenent plutôt sur la base des bactéries (je ne sais pas si on peut faire le raccourci en disant sols forestiers et sols pas forestiers). Avec le brf on fait plutôt les premiers, et ça ne semble pas convenir à tous les types de plantes. Par exemple les cucurbitacées adorent, mais beaucoup de solanacées préfèrent les sols bactériens. Ce qui m’a fait repenser à Jacky Dupety avec ses 196kg de courgettes sur 12 pieds (si ma mémoire ne défaille pas), et ses un peu plus d’1 tonne de tomates pour 600 pieds, soit tout juste 2kg par pied. Et on ne peut pas dire que le petit rendement des tomates vient du manque d’arrosage vu que les courgettes sont de bien plus grosses buveuses et n’y avaient pas été arrosées non plus.

  33. Deux livres en Français sur le BRF :
    De Jacky Dupety et Bernard Bertrand, « Le BRF, vous connaissez ? », aux éditions de Terran.
    De Gilles Domenech et Eléa Asselineau, « Les Bois Raméaux Fragmentés », à paraître le 9 novembre aux éditions du Rouergue.

    Et il y a beaucoup d’informations sur le forum du site des Jardins de BRF.

Répondre à fabien