On a beau s’y préparer, ça fait toujours un choc d’arriver en Corse en novembre. Tout est inversé par rapport à la région parisienne : là-haut, dans le brouillard, la végétation annuelle a disparu avec les premiers frimas. Ici, elle profite des pluies d’automne pour s’épanouir dans un air encore doux : 21,6° à Ile-Rousse le lendemain de notre arrivée. Ca ressemble furieusement au mois d’août dernier à Montreuil, en nettement moins humide.
Avant que tout le monde nous déteste, quelques précisions : d’abord, si l’aventure vous tente, vous avez encore la possibilité de nous rejoindre, il reste des places fin décembre (on a eu des désistements pour le nouvel an, notamment…). Et puis, surtout, tout n’est pas si rose ici. Les sols sont dans un était déplorable, après quelques décennies d’incendies généralisés. Il ne reste pas grand-chose de l’extraordinaire forêt fruitière du 19ème siècle. Bilan, sur le circuit de randonnée au dessus de la maison, 3 sources sur 4 sont taries, et la dernière ne semble pas potable.
Il y a du positif, quand même. Quelques rosés des prés et un cèpe rencontrés un matin de travail dans le maquis. Le champ qu’on débroussaille en ce moment n’a pas brûlé depuis 20 ans. Les chênes y repoussent fièrement, et le sol est très beau sur les anciennes terrasses. Un vrai humus forestier comme il en reste peu.
C’est l’occasion aussi de vérifier le caractère bioindicateur des plantes : les chênes sur les meilleurs sols, écrasant vite les cistes de Montpellier qui ont poussé avec eux ; concurrence des cistes plus vive sur des terres plus abîmées, anciens côteaux à oliviers, où les incendies ont été plus fréquents, et l’érosion plus vive ; asphodèles sur les terrains surpâturés ; euphorbes enfin, et spécialement une petite variété qui doit être euphorbia pithyusa, sur les sols presque perdus : c’est une variété qu’on retrouve normalement en bord de mer, et qui colonise les zones terrassées où le sol a été détruit par les engins de chantier. On commence malheureusement à la retrouver ailleurs, sur des zones de pâturage extensif, où il ne reste que du sable de l’ancien humus forestier.
Petite balade du côté du barrage de Codole, qui, il y a un mois à peine, était presque vide, suite à deux années de sécheresse, et qui est en train de se remplir à vue d’oeil. Une curiosité : juste en-dessous du niveau maximal de remplissage du barrage, sur une bande périodiquement inondée, donc, des colonies d’immortelles d’Italie. Je ne savais pas ces plantes amphibies. Je suppose qu’elles sont apparues là suite à la sécheresse, sur un sol lessivé par le flux et le reflux des eaux, et je suis bien curieux de savoir ce qu’elles deviendront quand l’eau retrouvera son niveau hivernal normal.
On a commencé à rencontrer du monde ici, il y a pas mal de jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture, avec quelques idées plutôt écolos, et puis, on n’a pas pu s’empêcher de lancer l’idée de créer une Amap en Balagna, ce qui ne serait pas du luxe.
On a réussi à trouver une coppa tout à fait correcte ce matin sur la marché d’Ile-Rousse, on va essayer d’en laisser un peu pour ceux qui arrivent bientôt. Mais ne trainez pas en route…
On arrive, gardez-nous de la coppa ! Miam Miam 😉
@ Manette : pas de problème, on est là pour rencontrer des gens.
Faut m’écrire à fabien(at)lesensdelhumus.org, on est tout près (du côté d’Algajola et souvent vers Speloncato).
@ tous : on a réceptionné Jean-Marie ce matin, on l’a tout de suite emmené marcher un peu, et maintenant, il débroussaille. Increvable, le petit.
bonjour Fabien, je découvre avec stupéfaction tes discutions, je ne connais pas ce site, je l’ai trouvé par hasard en cherchant du terrain agricole sur la balagne!! je suis sur la commune de Belgodère, arrivée en Corse il y a bientôt 3 ans, et j’ai un projet de m’installer en agricole dans le coin! j’ai cru comprendre que vous seriez là (ou peut être y êtes vous déj?) j’aimerais vous rencontrer pour qu’on parle de nos projets ici, on a, me semble t-il beaucoup d’idées communes…..!!
Quoi !!! Il pleut en Corse ? Mais c’est pas juste !!! Et pourquoi y’a qu’ici qu’il ne pleut pas alors ?