Propager le sens de l’humus

En cet automne pluvieux, lors d’une veillée paysanne, il nous est possible d’évoquer, une fois de plus peut-être, avec nostalgie, les sources de notre association.
Ces sources se trouvent en d’autres lieux. D’abord, le Jardin Solidaire . Je tiens à dire avoir assisté il y a quelque jours, à Cinécolo, à un documentaire : « Ce jardin là ». C’est l’histoire de ce « jardin solidaire » dans le 20ème arrondissement de Paris, qui vécut de 2000 à 2005, où moult activités avec les gens du quartier ont géneré des liens sociaux et des histoire inoubliables pour eux,
et accessoirement où s’est fait le pic-nique en aout 2005 d’où est parti l’idée de base du sens de l’humus (lien historique sur lequel on en trouvera plein d’autres).
Ce jardin là, comme on le sait, finit par être rasé le 01/09/2005 et remplacé par un gymnase.
On voit dans ce film (qui réussit à m’emouvoir, c’est dire) le maire du XXème, peu après le passage au bulldozer du jardin, vanter le futur gymnase, obtenu après un long « combat » (oui, celui de contre la vie et ce qu’il reste d’humains, diraient certains), pour créer ce lieu d’animation, de « mixité sociale » : placé dans ce film, ce discours était sa propre caricature.

En résumé, je noterai que le « jardin solidaire », s’il fut (probablement) moins diversifé en plantes et ses animateurs moins connaisseurs en humus (ou du moins le film ne le montre pas), fut par contre extrêmement riche humainement.
Génralement, face au déferlement des immeubles, voitures et autre avatars de la rationnalité triomphante, que peuvent faire les restes d’humains et d’humusen core présents en ville, pas encore broyé par la machine? La question se pose pour les Murs à pêches, de savoir si le lieu pourra « résister » encore, puisque c’est malheureux, mais il s’agit bien de « résister ». Et si cet autre jardin finit par être rasé, nous le regretterons fortement, mais on peut supposer que cela sera fait tout de même au profit d’autres montreuillois qui ont « besoin » de logement, de gymnase, d’endroit où garer leur voiture, de pôle d’emploi tertiaire, ou que sais-je encore; autant d’éléments impliquant une hausse plus chiffrable de satisfaction humaine que nos bouts de jardins (puisque la puissance de la représentation par les Mathématiques à travers une réalisation économique clairement identifié, représentation complètement inopérante dans le cas du jardin, fut un argument implicite justifiant le remplacement du jardin autogéré par un gymnase), tant il semble que le déployement ininterompu du technotope semble la seule voie dans laquelle l’être humain trouverait son bonheur à en croire certains. Mais pourquoi travaillons-nous à notre obsolescence?
Je m’égare.

Les jardins montreuillois se tournent, il me semble, un peu plus vers la connaissance des plantes et des sols que le feu Jardin Solidaire. C’était dans l’idée originelle des initiateurs du Sens de l’humus. Ce qui me premet d’enchainer sur ces autres lieux sources du Sens de l’Humus.

Il y a eu, il y a longtemps et loin, en Californie, depuis des décennies, des gens qui s’acharnèrent à faire verdir une colline callouiteuse. Chadwick, John Jeavons…De leur travail est né un jardin merveilleux, ainsi qu’une méthode, qu’on appelle ici la micro-agriculture biointensive. Elle consiste à produire le plus de légumes possible sur des petites surfaces, tout en augmentant le taux d’humus du sol. L’association « Ecology Action » a partant de là diffusé des livres pour faire connaître cette méthode. Longtemps après, elle fut expérimentée par exemple, au pays basque par notre ami Korrotx, et c’est lui qui nous aiguilla (via internet) en partie vers ce genre de méthodes, en suggérant des lectures adéquates sur le sujet, en aout 2005 aussi justement.
Et d’ailleurs, suite à ces lectures, nous voulions regénénerer des sols, bien que partant de loin. Rien ne pouvait suite à cela déraciner cette idée de nos esprits.
On peut d’ailleurs voir ainsi les choses : le jardin de Korrotx, dont la visite est contée ici : , est une sorte de méta-plante capable d’envoyer des méta-graines dans les esprits des humains, donnant alors la possibilité de germer à d’autres méta-plantes du même genre. Si le terrain (l’esprit de l’humain qui reçoit l’information) est favorable, si les humains veulent s’y mettre et qu’ils ont ou se donnent les moyens, ils donneront alors naissance à un autre jardin.
Tous les jardins biointensifs seraient d’ailleurs des méta-plantes, suivant la même analogie. Et comme les plantes, elles peuvent, si ils sont dans un bon contexte, bien pousser et s’épanouïr, envoyer d’autres « méta-graines » (c’est-à-dire inciter d’autres personnes à faire un jardin, comme celui de Korrotx ou du Sens de l’humus), ou bien végéter et ne rien donner puis mourrir, ne convaincre personne (comme le mien. Qui mourrut sans avoir rien propager. Quoique, j’annonce là un scoop, j’ai réouvert, fin août 2008, une petite parcelle de jardin à moi de 8m² double-béchée, moins d’un an après la clôture de l’été dernier. La méta-plante peut se regénerer, à l’instar des plante comme le basilic sur mon balcon, qui se mourrait quand je l’abandonnai une semaine, et renaissait quand je l’arrosai). Partant de cette analogie, on peut retrouver un cheminement du sens de l’humus en voyant nos amis à travers le pays se mettre à faire un jardin, jardins qui ont pu eux-mêmes naturellement amener (sans effort aucun) leurs voisins et amis à se mettre au bioinstensif, cela donne un cheminement arborescent, une propagation donc, dont j’ai d’ailleurs exquissé un jour la cartographie, mais peu importe.

Par la suite, on découvrit d’autres auteurs, d’autres pionniers qui avaient tous de fortes intéressantes choses à nous apporter. Leurs idées, grâce à leurs écrits, s’ajoutèrent à la litière de nos pensées. Ils sont trop nombreux pour être cités ici.

On le voit, si c’est le vent qui, le plus souvent, porte les graines de sol en sol, ce sont internet, et les livres, qui portent souvent les idées de tête en tête. Ce qui me permet d’introduire subrepticement dans cet article « la boutique » du sens de l’humus, où je m’autorise de discrètement signaler que j’ai à disposition, à vendre à prix modique, les livres suivants :

-« L’encyclopédie des plantes bioindicatrices » tome II, de Gérard Ducerf. 2 exemplaires à prix réduit par rapport à la librairie, issus de la souscription. Disponibles vers la fin de ce mois.
-« How to grow more vegetable », le livre de Jeavons, en anglais (prix qu’on peut trouver en commandant sur internet)
-« Comment faire pousser plus de légumes », le même en français (un exemplaire)
-à noter que quelques autres exemplaires de ce dernier livre doivent être encore disponible auprès de l’association « le sens de l’humus ».
(Me contacter (jeuf(à)no-log.org) pour en savoir plus.)
Car bien qu’en grande partie biodégradables, ce ne sont pas décomposés et humifiés, ou bien encore trainant au fond de mes placards, que ces livres imprimés seront les plus utiles.

Enfin, à l’occasion de la rédaction de cet article, je découvre ceci concernant un père fondateur et référence en matière d’agriculture durable, Masanobu Fukuoka; qui m’avait inspiré ce commentaire de livre .

On a difficilement des informations à son sujet. Mais j’apprends, d’après certaines sources peu recoupées (par exemple ici) son décès récent (16 août 2008). Tâchons de lui rendre hommage en mettant en oeuvre, partout où nous le pourrons, l’idée d' »agriculture naturelle » en même que celle de l’humus, et de propager les brins de paille pour couvrir et humifier les sols.

3 commentaires sur « Propager le sens de l’humus »

  1. Merci pour ce commentaire, Nicolas. Bien que trop souvent sur internent, je ne me tiens pas beaucoup à la page…
    concernant le tome 2 de l’encyclopédie des plantes bioindicatrices, on apprend sur leur site qu’il sera posté le 3 novembre.

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