Voici le début d’une série d’articles rébarbatifs sur le jardin montreuillois du Sens de l’Humus, articles destinées à permettre aux nouveaux jardiniers de reprendre la suite des opérations.
Le jardin se compose d’une parcelle à peu près rectangulaire de 500m2, coupée en deux parties inégales par un mur en grande partie effondré. La partie la plus petite étant par ailleurs traversée par une allée de deux mètres de large (nous devons conserver ces deux mètres pour assurer le passage du public lors des événements annuels).
Je considère qu’il y a cinq types d’utilisation du sol, on peut appeler ça des « zones », mais elles sont toutes plus ou moins enchevétrées. Elles occupent (ou devraient occuper à terme) toutes à peu près la même surface totale, soit plus ou moins un cinquième du total.
Zone 1 : les allées. Ce sont a priori les seules zones où l’on doit se permettre de marcher, sauf exception. Le principe du jardin étant basé sur les buttes, il est important de crier très fort pour dissuader les visiteurs et les nouveaux de marcher hors des sentiers battus. Hormis l’allée de 2m de large dont je parlais précédemment, vous constaterez que rien n’est droit. Historiquement, la raison en est que nous avons repris en partie le projet de l’association qui occupait le terrain précédemment, et qui était un projet de labyrinthe.
Zone 2 : les espaces naturels. Ce sont des zones que nous avons décidé de ne pas (plus) toucher. Nous n’y marchons pas, nous n’y prélevons rien, nous laissons vivre. Ce sont la zone située derrière le noyer, autour de la portion de mur effondré, la zone autour de la mare temporaire, et la zone située derrière les poiriers, le long du mur est. L’objectif est de conserver là un abri permanent pour la biodiversité, tant animale que végétale. Les planches et trucs divers posés en vrac le long du mur est sont à laisser sur place si possible, ils servent sans doute d’abri à pas mal d’auxiliaires du jardin.
Zone 3 : Les zones semi-sauvages. Ce sont des zones qui servent de refuges de biodiversité, de lieu de cueillette de plantes sauvages comestibles, et d’engrais verts permanents. Ce sont donc des zones sur lesquelles on intervient très peu, sauf pour y prélever des éléments utiles, et parfois améliorer les plantations (rarement, puisque ce sont essentiellement des vivaces). Il s’agit des haies extérieures, de la plantation de consoudes, des plantations de luzerne, et des zones à orties au nord du jardin. Les haies abritent des auxiliaires de jardin, produisent quelques fruits, et du bois pour les sols ou pour faire des tuteurs. Les consoudes, les orties et la luzerne sont de bons engrais verts. Consoude et orties sont comestibles. Les auteurs ne sont pas d’accord sur la comestibilité de la luzerne. Il devrait y avoir assez de consoude cette année pour faire des purins, on peut aussi faire deux purins d’ortie de 50l par an. Suivre les recommandations de cet article si vous vous lancez dans la réalisation de purins.
La haie d’euphorbes est aussi une survivance de l’ancienne association, qui avait planté de ces euphorbes un peu partout dans le terrain. Nous nous en sommes débarrassés en les mettant en haie, ce qui s’est révélé finalement assez intéressant. Il y a aussi des armoises dans la haie, et sinon, il faut laisser pousser tout ce qui veut au printemps. Il est en revanche difficile de faire des cultures le long de la haie, se contenter de laisser pousser ce qui veut, et préléver la biomasse (attention, il y a un petit chêne caché à l’ouest des fraisiers le long de la haie).
Zone 4 : les vivaces. L’intéret des plantes vivaces est de supprimer la répétition annuelle des semis et plantations, toujours délicats. Parmi les vivaces présentes au jardin, les arbres fruitiers étaient là avant notre arrivée. Le noyer ne nécessite pas spécialement de soin, lui mettre un peu de paille au pied surtout sur les zones piétinées. Les poiriers près du mur est sont greffés sur cognassiers, qui ont repris le dessus sur les poiriers. Ca donne des arbres doubles, il faudrait couper les cognassiers pour bien faire, mais il y a dans l’association des amis des arbres qui désapprouvent l’usage d’instruments tranchants contre tout être vivant ligneux. En fait, sur les 3 poiriers, un seul a été débarassé des rejets de son porte-greffe. Un autre poirier est pallissé contre le mur. Les pêchers situés en plein champ, près de la spirale, nécessiteraient d’être taillés avant la fin de l’hiver.
Les fruits rouges ont été plantés en mars 2007, si ma mémoire est bonne. Les framboisiers sont très vigoureux et ont très bien réagi à l’apport de BRF qui leur a été fait. Il y a une seconde plantation de framboisiers entre la spirale et la haie ouest, il faut sans doute la soigner un peu. On a une ligne de cassisiers et groseillers, plantés comme suit (d’est en ouest) : cassis-groseille-cassis-groseille-groseille. Trois fraiseraies occupent le jardin. La plus ancienne au sud-est devrait donner son plein rendement cette année. Les deux autres (près des cassisiers et derrière l’un des pêchers) sont plus récentes et comptent beaucoup moins de plants adultes. Il faut les desherber de temps en temps et laisser l’herbe arrachée sur place. Un peu de compost leur fait du bien. Des tanaisies sous les pêchers et sous les framboisiers viennent les protéger contre les pucerons (il paraît). Normalement, l’ensemble des fruits rouges devrait donner une production sympathique ce printemps.
La spirale d’herbes aromatiques est plantée elle aussi de vivaces. C’est une belle réussite. On a de la menthe (2 espèces), de la tanaisie, de la sauge, de la mélisse, de la pimprenelle, du romarin, de l’achillée… Il y avait tout en haut du thym et de la lavande, mais ils n’ont pas apprécié. J’ai essayé l’an dernier de faire une zone d’aromatiques au nord de la parcelle sur le remblais (orienté sud), mais je n’ai pas pu m’en occuper sérieusement, faute de présence. Il me semble cependant qu’un certain nombre de choses avaient survécu.
Il y a aussi quelques autres vivaces ici ou là : un pied de raifort au centre de l’escargot (près de la première fraiseraie). De l’oseille dans la même zone, de la roquette sauvage (mais cultivée) qu’il faudra sans doute remplacer. La butte isolée entre le noyer et la mare est aussi plantée de vivaces : oseille, rhubarbe… Ces plantations étant récentes, il faut voir ce qui repart au printemps.
Zone 5 : les annuelles. Le potager proprement dit. Ca doit faire actuellement un peu plus de 100m2, ça peut paraître peu, mais géré un peu intensivement ça peut produire beaucoup, surtout avec l’apport de tout le reste. Et ça représente pas mal de travail…Il y a des engrais verts annuels sur une partie de ces zones, notamment de la phacélie. A laisser sur le sol au printemps. A vous de sentir aussi s’il faut retravailler le sol, mais attention, tout travail du sol est dangereux avant le mois de mai au moins sur une terre aussi lourde. Je pense qu’il faut se contenter d’enlever les paillages en mars, de donner un petit coup de griffe une fois le sol bien ressuyé, et faire les premiers semis. Ensuite, aux plantations en mai (tomates, cougettes, etc…), vous pourrez donner un coup de bêche si le printemps n’est pas trop pourri. De toutes façons, le test est simple : vous prenez une motte de terre dans la main, vous la serrez, si elle s’effrite, c’est bon, si elle forme une boule glaiseuse, c’est encore trop mouillé.
C’est tout pour cette fois.
Our garden is smaller than the stade de France, but its production is tastier…
Le jardin se compose d’une parcelle à peu près rectangulaire de 500m2
Je l’imaginais vachement plus grand en fait.