Le jardin du Sens de l’Humus : le sol

Le sol du jardin montreuillois se caractérise à la fois par une grande fertilité potentielle et une grande tendance au blocage, ainsi que par une importante pollution. Ceci s’explique par son histoire.

A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, les arboriculteurs montreuillois se sont retrouvés, du fait du développement du chemin de fer, en concurrence directe avec les arboriculteurs du sud de la France. Les pêches de la vallée du Rhône pouvaient arriver désormais rapidement à Paris. Parallèlement, la pression urbaine de l’agglomération parisienne se fait sentir. Les arboriculteurs se retrouvent alors dans une situation délicate qui les contraint à augmenter leurs rendements pour rester compétitifs.

Ils utilisent alors comme fertilisants ce qu’ils ont sous la main en grande quantité : les gadoues issues de l’activité humaine de Paris. On y retrouve des déjections, mais aussi sans doute des déchets issus d’activités industrielles. Le tout contenant beaucoup de matières fertilisantes, mais aussi beaucoup de polluants, notamment des métaux lourds. Plus tard, c’est l’automobile qui apportera sa contribution sous forme notamment de plomb atmosphérique.

Les boues urbaines sont dans un premier temps efficaces, mais au fil du temps, la structure du sol se dégrade. Les sols déjà fin, à prédominance d’argile, s’asphixient progressivement. Ils accumulent des matières fertilisantes sans pouvoir les minéraliser suffisamment rapidement. Vers le milieu du 20ème siècle, la conjonction de tous les facteurs défavorables amène l’abandon des cultures à Montreuil.

Notre jardin cumule un handicap supplémentaire : une nappe d’eau intermittente vient effleurer la surface à la fin de chaque hiver, retardant d’autant plus la date à laquelle l’activité biologique vient minéraliser les éléments du sol. Il faut souvent attendre la fin mai pour avoir un sol correctement ressuyé. Durant la période où la parcelle est restée en friche, cela a conduit à un quasi-blocage de la situation : le sol n’a commencé à évoluer que très lentement, et il aurait sans doute fallu plusieurs siècles pour le voir passer à un degré de vie supérieur. On trouvait encore il y a trois ans des plantes ordinairement plus à leur aise dans les zones marécageuses dans toute la partie basse de la parcelle.

Nous nous retrouvons donc actuellement dans la situation suivante : le sol est très fertile, car il contient des quantités importantes de tous les nutriments essentiels. En revanche, durant toute une partie de l’année (d’octobre à avril), il est incapable d’évacuer l’eau qu’il reçoit, et l’activité biologique est très faible. A l’inverse, dès que la chaleur arrive, le sol se ressuie, et l’activité biologique monte en flèche. Jusqu’à ce que la sécheresse vienne à nouveau stopper tout cela : dès qu’il est trop sec, il prend en masse et rend à nouveau toute vie difficile.

Toute la difficulté pour les jardiniers est de gérer le taux d’humidité et la température du sol : il faut, aussi vite que possible au printemps, l’aider à évacuer son eau, et à se réchauffer. Bien entendu, le fait d’être en buttes facilite la tâche : les buttes se réchauffent plus vite, et le sol est surrélevé par rapport à la nappe d’eau souterraine. En revanche, la gestion des paillages est délicate.

En effet, si le sol reste paillé au printemps, il tarde beaucoup à s’assécher et à se réchauffer. Mais s’il est laissé à nu, la surface a tendance très vite à prendre en masse, dès que le soleil chauffe un peu. Il faut donc trouver le compromis idéal : par exemple, enlever la paille à partir de mars, mais uniquement sur les zones qu’on va travailler bientôt. Travailler ensuite le sol superficiellement pour l’empécher de durcir : il faut prendre une motte dans la main et la presser pour savoir si le sol est travaillable. Si elle s’effrite, c’est bon, si elle se comporte comme de la glaise, c’est trop mouillé.Vous pouvez aussi expérimenter toutes les méthodes possibles pour améliorer le sol au printemps, il y a sans doute de quoi faire.

Il est aussi possible, au printemps, de récupérer toute la matière descendue dans les allées, et la remonter sur les buttes, ça fait un mélange de matières organiques et minérales assez sympa, et puis ça permet de redessiner les buttes. Il ne faut pas hésiter non plus à mettre un coup de bêche sur les buttes, pas forcément de manière systématique (les buttes servent précisément à éviter ça), mais par exemple à chaque plantation. Je dirais qu’on peut, en fonction de la météo, commencer ce genre de travail courant mai.

L’été, le problème est beaucoup plus simple : il suffit de pailler beaucoup, de s’assurer qu’il y a assez d’eau dans le sol (en année normale, il ne serait quasiment pas nécessaire d’arroser, mais attention aux années sèches), et le sol devient alors incroyablement meuble en comparaison de l’hiver. Et il est alors d’une fertilité incomparable.

Il faut faire attention à ne pas trop arroser, d’abord parce que c’est du gaspillage, ensuite parce que ç’est le meilleur moyen de mobiliser les métaux lourds et de les faire passer dans les plantes. Les premiers test de métaux lourds dans nos plantes ont donné des valeurs dans les normes malgré des sols gravement pollués, il est possible que ce soient nos méthodes de cultures qui nous aient permis d’arriver à ce résultat.

En ce qui concerne le BRF, enfin, la tentative faite il y a deux ans et demi est mitigée : le broyat était de qualité moyenne, et il avait été enfoui trop tôt, dans un sol encore trop humide. Bilan, le bois a eu beaucoup de mal à se décomposer, et je suis sûr que vous en retrouverez encore quelques morceaux cette année. Vous pouvez peut-être essayer de le laisser en surface, ou de l’incorporer en été, ou le précomposter, là encore, il faut expérimenter.

Cet après-midi, il fait plus beau et plus chaud chez vous que chez moi, profitez-en.

9 commentaires sur « Le jardin du Sens de l’Humus : le sol »

  1. Bonjour
    l’on me prete un terrain rue des nèfliers pour y cultiver un potager .
    Apres analyse en labo de la terre il ressort que ce pauvre jardin est contaminé en plomb , zinc et cuivre à des doses hors norme excessives . J’en suis désolée .Je compte y planter des plantes dépoluantes mais je fais appel à vos connaissances pour me conseiller des légumes à cultiver , lesquels seraient comestibles , qui n’absorbent pas ces metaux ou en faible quantite. Je vous remercie beaucoup de m’aider.Bien cordialement .
    Dominique Leclercq

  2. super article j’ai l’mpression de voir mon jardin mais en moins catastrophique.

    chez moi l’eau apèrs une forte pluie ou l’hiver et printemps pluvieux stagne dans les allées des buttes.
    le sol est terriblement collant et humide.

    cela me decourage beaucoup malgré la richesse qui donne souvent de beaux et bons legumes.
    Pour le brf quand vraiment l’utiliser et comment l’incorporer.
    je vais peut être avoir l’occasion de me procurer du tremble, du chêne, du noisetier , de l’acacia, du bouleau et pas mal de charmille.

    Bon jardinage

  3. Il est claire que la lune ne peut passer avant le temps qu’il fait ici!
    Aprés, c’est une danse subtile. Et quand une fenêtre climatique souvre, à nous de se laisser emporter par la subtilité lunaire.
    Une date feuille ou racine, ou autre, dure deux, trois jours et repasse 3 à 4 fois par mois.
    Si vraiment il pleut à chaque fois qu’on pourrait planter des légumes racines est-ce une bonne année pour les légumes « racines », et dans ce cas là, comment se développe effectivement ces légumes cette année là, quelle est leur résistance au parasitisme, etc. Quelle énergie devons nous mettre pour réussir à bien les faire pousser.
    Les conjonctures ne sont pas toujours celles qu’on souhaite. C’est là qu’on retrouve l’incontournable richesse et nécessité de la diversité des écosystèmes! D’une année sur l’autre, bien qu’il y est les mêmes saisons, elles ne ce ressemble pas. La dynamique des écosystèmes et des organismes vivants en est un témoin émouvant, troublant interprète qu’il nous est donné d’observer, si l’on y prête un minimum d’attention, et dont nous avons encore bien des choses à apprendre.
    Ballet mouvant des espèces et des espaces où tout ce mêle et s’entremêle, où l’on ne sais plus qui est l’auteur de qui.
    Ne parlons plus d’influences, mais de corrélations et de conjonctures.
    Et dans la grande valse du temps à chacun d’évaluer sa nage dans le courant. A nous de trouver un juste milieu entre ce qu’on veut cultiver et cet aléa des écosystèmes. Un mélange subtil des deux, voilà qui semble harmonieux! Au final ça ne coute rien de plus, voir au contraire.
    Alors bonne carotte!

  4. Pour la lune, quand je peux, je suis le calendrier lunaire, sans être plus que ça convaincu pour l’instant.
    Mais ça pose parfois des problèmes : j’avais des légumes feuilles à semer en pépinière et des légumes racines à semer en pleine terre. Manque de bol, les jours racine, il pleut, je ne peux pas semer dehors, et il se met à faire beau les jours feuille… Bilan, j’ai pas suivi du tout le calendrier.

    J’ai vu par contre des différences importantes de vitesse de germination selon la lune croissante ou décroissante, montante ou descendante, mais c’est assez difficile d’établir une règle précise, ça dépend des variétés.

    Selon Francis Hallé, les quelques expériences sérieuses qui ont été faites montrent bien des différences sensibles, mais je crois me rappeler qu’il donnait l’exemple de deux arbres dont l’un poussait mieux en lune montante et l’autre poussait mieux en lune décroissante. Il y a aussi quelques pages sur la lune chez Soltner, pour rester chez les gens sérieux. La conclusion est en général que l’influence de la lune restant inférieure à d’autres influences (soleil, température, sol, saisonnalité), il vaut mieux d’abord se concentrer sur ces autres influences.

    C’est pour ça que je suis le calendrier lunaire si ça ne me contraint pas, et je considère les autres facteurs comme prioritaires.

  5. Je me suis en effet emballé et ai écris bien plus qu’un commentaire. Je peux donc reprendre ce texte, peut être le compléter et l’adapter pour en faire un article. Et surtout corriger l’orthographe. J’ai un peu honte quand je le relis…

  6. La dimension du broyat : assez fin, mais pas trop non plus (ça doit rester plus grossier que de la sciure).
    Il faudrait aussi un mélange de plusieurs essences, on a tendance à avoir trop de platane en ville.
    Précomposté, j’aime bien. Il suffit de le laisser en tas pas trop épais quelques mois et de le garder humide. Un coup de fourche de temps en temps pour le mélanger, et quand il a pris une bonne teinte foncée, il est bon à utiliser. Normalement, il y a alors pas mal de champignons dedans.

  7. Fabien, pour ce qui concerne le BRF, comment s’assurer de sa qualité, il faut du BRF très frais et éviter les essences non feuillues. Y-a-t’il d’autres considérations à prendre en compte ?

  8. Jérémie, tu devrais écrire un article sur le sujet, ce serait dommage de perdre cette contribution dans un commentaire.

  9. Bon, je suis content car c’est à peu près tout comme je me disais qu’il fallait proceder.
    Avec toutes les informations que tu as peu à peu distilé, j’en étais arrivé au même type de programme pour les mois à venir.
    Petite expérimentation suplémentaire : travailler avec les astres. Il y a plein de petites choses proposées sur certain calendrier lunaire, je voudrais en faire l’expérimentation.

    Nous connaissons tous l’effet incontestable de la lune et du soleil sur la masse d’eau immence des océans, notamment par le phénomène des marées. Certain peut-être on pu constater l’effet de la lune sur les organismes vivants (ceux du soleil n’étant plus à démontrer) : sur-activité, changement d’humeur, insomnie et autres phénomènes au moment des pleines lunes par exemple. Ceci est d’autant plus visible sur des organismes proches de leur cycle biologique.
    Ne serait ce que d’un poind de vue purement gravitationnel les astres ont donc un effet direct sur la terre et plus particulièrement sur ses masses d’eau. Or tout organisme vivant est constutué à 70, voir 90 pour cent d’eau. Il serait déplacer d’imaginer que l’eau qui nous constitue, ou celle présente dans le sol, échape à ce phénomème purement physique.
    C’est ainsi que la lune peut avoir un effet sur l’activité des organismes, renforcé par sa distante par rapport à la terre (plus ou moins petite dans le ciel). Plus elle sera proche de la terre plus elle aurat un effet gravitationnel puissant.

    Par ailleur, sa position dans le ciel a elle aussi son influence. On parle de lune montante ou de lune déscendante celon qu’elle est plus ou moins haut dans le ciel jour après jour. Suivant ses déplacements dans le ciel les répercutions sur les liquides présent dans le sol et les organisme vivant ne sont pas les même.
    Ainsi on travaillera préférentiellement sur les parties aériénne des plantes en lune montante (ascention des liquides : greffes, récolte des parties aériennes, etc) et à l’inverse sur les parties souterraines des plantes ou le sol en lune descendante (descente des liquides : récolte des racines, taille, repiquage, rempotage, travail du sol, composte ou encore coupe du bois)

    Enfin, elle joue également un rôle non négligable sur tous les organismes sensible à la lumière en nous renvoyant périodiquement les rayons du soleil la nuit. Une nuit complètement noir n’a pas le même impact qu’une nuit de pleine lune. On parle alors de lune croissante quand sa surface lumineuse augmente, jusqu’a la pleine lune, et de lune décroissante lorsque sa surface lumineuse diminue jusqu’à la lune noir (ou nouvelle lune). En période croissante les plantes son plus à même de lutter contre les parasites et maladies, le composte s’échauffe d’avantage (activité des micro organismes), les plantes consommées transmettent plus de vitalité à ceux qui les consommes, les foins sont de meilleure qualité. En période décroissante la vitalité des plantes diminue au profit de leur qualité spécifique. C’est ainsi que la plantes possède moins de vitalité, mais odeur, couleurs, saveurs sont davantages perceptibles. Les propriétés diététiques ou médicinales sont plus prononcées. De même, l’effet des insecticides et des fongicides est renforcé.

    En ce qui concerne le soleil, son influence est majoritèrement perceptible dans le cycle des jours et de la nuit. Il joue donc un rôle crutial sur l’activité des organismes et les potentiels du sol de par sa lumière et la chaleur qu’il prodigue, mais également dans le cycle de l’eau, notamment dans les phènomènes d’évapotranspirations. Au cours de la journée l’eau du sol et des plantes va suivre des phènomène d’ascendance et d’évaporation ou à l’inverse de condensation et d’infiltration.
    Ainsi on favorisera un travail de la terre en période humide le matin et en période séche le soir. De même l’arrosage, quand il est nécessaire, se fera le soir et en quantité suffisante pour une infiltration en profondeur, moins susceptible de s’évaporer le jour suivant. Le paillage est un bon moyen de limité ce phénomène d’évaporation de l’eau du sol. Mais en période humide et froide il est préférable d’aérer et d’exposer raisonnablement le sol aux rayons bénéfique du soleil.

    Bien entendu tout ça est à replacer dans un contexte de saison de climat et de qualité du sol quant aux périodes et mode d’intervention.

    Enfin, travailler avec les astres concerne également l’étude des influences liées aux passages dans le ciel des planétes de notre système solaire et des constellations présente au panthéon de notre voute stélaire… C’est la que certains esprits restent complètement hermétiques, n’y voyant plus que croyances obsolètes et manque de rationnalité. « Comment ces étoiles lointaines peuvent-elles avoir une influence notable sur la sphére concrète de notre matière? ».
    Comme pour tout système, la qualité d’un ensemble n’est pas seulement dépendant de la qualité de chacun des éléments qui le constitus, mais belle et bien aussi de l’ensemble des lien qui les unis. Peut-on ainsi trancher clairement de l’intérêt d’un élément de par sa seul proximité? Difficile de se positionner, mais les expériences répétées montre pourtant l’intérêt de cette approche. L’action des constellation et plananètes n’a d’ailleur rien à voir avec ceux de la lune et du soleil. C’est plutôt en thérme de « qualité » que de « quantité » qu’il faut comprendre les choses. Alors, encore une fois on retrouve la lune, mais là elle joue le rôle de loupe. C’est par son intermédiaire que certaine constellations ou planètes vont avoir une influence spécifique sur le sol est les organismes vivants. C’est ainsi que certaines influences vont jouer sur les qualités fondamentales du sol ou des organimes en favorisant un effet « échauffant », « refroidissant », « asséchant » ou « humidifiant ». D’autres vont, quant à elles, jouer sur les différentes partie des plantes. On aura donc des jours « racines », « feuilles », « fleurs » et « fruit ».

    Bref, je ne rentrerais pas plus dans les détails pour cette fois, d’autant que tout ceci est très bien expliqué dans certains livres, mais l’idée est d’arriver à trouver un équilibre favorable à l’épanouissement du jardin compte tenu de tout ce qui le défini et l’influence, même subtilement.
    Je n’ai pas d’avis tranché et reste ouvert à l’expérimentation. Vue la complexité du sol des murs à pêche, aller dans la subtilité n’est pas un risque et permettra peut être de l’améliorer à cours et long therme.
    Je compte donc « travailler » le sol lors de certain moment dit propice.
    D’abord, l’aération et le réchauffement de la terre: ouvrir la paille et travail avec la fourche-bèche.
    De préférence conjuger Lune descendante (propoce au travail de la terre…) et décroissante (…lourde et humide) de mars (période de réveil du jardin) en jour « feu » ou « air » (pour favoriser ces influences sur le sol particulièrement lourd et humide des murs à pêche), de préférence le matin ou en début d’après midi sur un effet de marée montante (déplacement des liquides vers le haut -évaporation- et exposition au soleil)
    Tout ça peu paraître bien compliqué, mais c’est également passionnant, expérimental et finalement, d’un poind de vu calendrier, ça donne un bon cadre de travail!
    Bonne journée

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