Le sol, qui nourrit les plantes, a besoin lui aussi d’attention, d’être nourri, de préférence autrement que par perfusion de NPK liquide. On pense alors à l’humus. C’est d’ailleurs là l’objet de notre association.
L’humus est la partie organique du sol, au contraire des éléments inorganiques comme le sable, l’argile, les cailloux (autres constituants principaux en masse),
ou encore les engrais mentionnés ci-dessus quand ils sont minéraux, ou enfin pire encore, les sacs plastiques ou traces de plomb, cadmium… Les plantes apprécient généralement l’humus. Par ailleurs, il contient beaucoup de carbone, c’est un stock important de cet élément.
Ainsi vaut-il mieux que le carbone enrichisse le sol dans les chaînes moléculaires qui forment l’humus, plutôt que d’encombrer l’atmosphère sous forme de CO2 autrement moins complexe et moins intéressant.
Les plantes ligneuses utilisent les diverses matières du sol, ainsi que l’eau de la pluie et le CO2 de l’atmosphère pour se constituer des branches et racines, qui forment l’essentiel de leur masse. Le cycle normal, dans la nature, implique le retour au sol, sur la même place, de ces matières, à la mort des végétaux. Y compris le carbone, qui même s’il peut être largué et capté dans l’atmosphère par les plantes, gagne à rester sous forme organique (humus) plutôt que « minérale » (CO2).
Ainsi, en cette fin d’été où sont taillées les haies, je m’acharnai à valoriser les tailles de jardin, sous forme de couverture directe, nommée aussi paillage. Branches qui autrement sont brûlées. Tout cela sera détaillé dans la deuxième partie de cet article.


Avant cela, voyons un aperçu général de propositions d’usages desdites petites branches, en l’occurence, celles qui réapparaissent tous les ans bien qu’on les coupe. Précisons aussi que ces propos s’appliquent aux feuillus, j’ai surtout eu affaire à eux. La décomposition de résineux risque d’être plus longue, et d’acidifier le sol. Enfin, les thuyas sont plus nuisibles que les résineux qu’ils sont, ils empêcheront toutes graines de germer (même si cela peut servir localement). Malheureusement, ils sont très répandus en tant que haies. Heureusement, pas en tant que bocage, ni chez moi pour la maison…
On peut imaginer de multiples façons de laisser se décomposer des quantités relativement importantes de petit bois taillé (bien qu’elles ne plaisent pas à tout le monde), tandis que le gros bois fait mieux d’être utilisé comme énergie de chauffage dans un foyer fermé. La limite gros/petit bois est fonction des circonstances ; pour ma part je l’ai placée très bas (3 cm environ).
Le bois peut être laissé selon un nombre plus ou moins grand de dimension spatiale : en stockages ponctuel, linéaire, surfacique ; tout cela mène à la disparition visuelle du bois, pour l’enrichissement du sol.
0)Ponctuel, il s’agit d’un tas de bois. Rien n’oblige à le brûler, il perd d’ailleurs rapidement de sa hauteur, du volume, cela peut être la moitié en un an.
1)Linéaire, il peut s’agir d’une « haie morte », un tas en longueur, de 50 cm de haut par exmple, qui peut donner naissance à une haie vivante (voir notre article : https://senshumus.wordpress.com/2008/05/14/si-on-semait-des-forets/ ). Ou encore marquer une frontière de propriété, forestière notamment. Il peut aussi s’agir de bois laissé sous une haie, ou le long de celle-ci.
2)Surfacique, il s’agit de paillage ou mulching, de potager notamment. Ou encore d’épandre des branches sur une prairie, qui a tôt fait de la faire disparaître, ou dans une forêt.


Tout cela, c’est ce qu’effectuent respectivement 0)les arbres qui tombent morts avec leur ramage, 1)les arbres des haies, 2)les arbres isolés dans les prairies. C’est naturel.
3)Le cas de stockage volumique ne nous intéresse pas, il s’agirait de volume industriel où serait concentrée sur un site la récolte de plusieurs km².
1 bis)On peut encore imaginer le stockage « fractal linéaire » : en dessinant des formes mathématiques esthétiques fractales sur des surfaces à partir de paillages linéaires, ou encore en construisant avec des tailles de haies un labyrinthe éphémère pour enfants, par exemple. Un linéaire occupe ainsi une surface.
L’épandage sur jardin a l’inconvénient de laisser moult branches sans feuille au printemps suivant, que certains seraient tentés de bruler en plein air.
On peut toutefois faire des fagot de bois avec les plus gros morceaux, pour l’insert.
En espèrant qu’il ait séché en hiver, mais suffit-ce? Et encrasse-ce le conduit de l’insert? (si quelqu’un connait un moyen de le vérifier, je suis preneur)
Lorsque le paillage a été mis en épaisseur très importante, il reste encore des feuilles. Mais la plupart sont tombées en poussière, leurs squelettes a enrichi le sol en carbone. Resterait à savoir sous quelle forme.

Une des fonctions intéressantes (mais pas la seule) du paillage est d’empêcher les herbes de pousser tout l’hiver. Toutefois il en reste. On remarque que la flore spontanée associée à ce paillis ci-dessous , c’est le mourron des oiseaux (bon signe) et le pissenlit (moyen); ainsi que, vous les avez reconnues ! quelques capselles bourse-à-pasteur.

Les engins d’élagage ont en général l’élégance de laisser aux sols, aux plantes ligneuses, toute leur matière organique lors de la taille, au contraire de certains jardiniers, qui brûlent, ou, solution moins pire, emmènent à une déchèterie. On objectera que ces derniers produisent bien moins de volume de bois taillés que les ouvriers qui broyent. Mais pourquoi ne pas commencer par là, pour le jardinier, sur le chemin de l’indispensable jardinage écologique? La non-exportation de la matière, la fin des brulis en plein air de toute sorte de végétaux, source de pollution locale et globale, sont à souhaiter, elles sont tout à fait réalisables dans les zones d’habitat peu ou moyenement denses.