L’élaboration du pain fait l’objet de multiples étapes, qu’on aurait trop tendance à oublier lorsqu’il nous tombe tout chaud dans la bouche dans la boulangerie. De multiples versions existent pour chaque étape, depuis les plus anciennes, jusqu’aux ultra-modernes faisant intervenir la traction animale par exemple ; mais les grand traits restent les mêmes.
Cette élaboration fait d’abord intervenir le cycle annuel des cultures, puisque c’est de là que vient le blé du pain. L’on peut choisir comme début arbitraire dans le cycle, le labour de la terre, pratique que certains abandonnent, mais qui reste d’actualité. Après le labour, doit être effectué le hersage qui sert principalement à casser les mottes de terre laissées par le labour. Vient alors l’ensemencement du sol avec des grains, avec une partie de la récolte de l’année précédente, ou des grains de blé achetés.
La croissance des plants de blé a lieu. D’aucuns effectuent un ou des désherbages. De la protection contre les ravageurs. Des rituels biodynamiques, ou encore technoscientifiques pour d’autres (aspersions d’engrais, pesticides, raccourcisseurs…). Lorsque vient le temps de la moisson, les versions divergent, selon qu’on a une moissonneuse-batteuse qui sépare le grain, ou pas. Supposons que non. Alors, on récolte les parties aériennes des plants presque entières et on les stocke au grenier. Plus tard, on les ressort pour les battre, c’est-à-dire séparer le grain de la paille.
C’est ce que certains montreuillois, parisiens, franciliens eurent l’honneur d’effectuer, sur une autoroute, le dimanche 25 septembre 2011, sur le stand de notre association dans le cadre de la manifestation « La voie est libre ». Divers types de battages ont existé à travers les âges, nous usâmes d’un des plus ancestraux : avec un fléau, outil constitué de deux morceaux de bois longs et cylindriques accrochés par une articulation en fer…dont la description textuelle de la forme et de l’usage ne vaut rien, à mon avis : pour comprendre, effectuons de la pratique sur place, donc je ne détaillerai pas plus. De toutes façons, beaucoup se font une idée de ce travail de battage au fléau, dont la pratique tient encore une place dans l’imaginaire collectif par quelques images ; mais pour combien de temps ?
Juste après le battage a lieu le triage du grain ainsi séparé, ou au moins un premier triage. Le matériel ancien dédié à cette tâche s’appelle un tarare. Un ventilateur souflle les éléments légers, une grille sépare les autres par calibre. Dans le cadre du battage menitonné ci-dessus, le tarare était actionné par une manivelle.
Un peu d’autre chose que le blé passe à travers la grille du tarare, mais il est éliminé à une des étapes suivantes. Ne pas oublier d’abord : l’ensilage. Et au fur et à mesure des besoins, par exemple chaque semaine, a lieu : le meulage. Celui-ci est effectué soit avec une meule en pierre, soit, dans une version industrielle, par écrasement avec des vis en acier, enfin je crois, je n’en ai jamais vues, on m’a juste raconté. On obtient donc de la farine, laquelle est utilisée pour faire le pain.
Pour cela, on mélange un tiers d’eau et deux tiers de farine. Un peu de sel. La farine peut provenir en partie du levain qu’on tient en vie toute l’année pour faire lever la pâte ; sinon, l’agent levant utilisé dans l’élaboration du pain version industrielle, est la levure.
On malaxe.
Placée à bonne température, la pâte lève quelques heures, des bulles se créent à l’intérieur. On place ensuite le pain dans un four très chaud, chauffé au gaz, à l’électricité (versions ringardes) ou au bois. Quelques dizaines de minutes après, on ressort le pain, il est consommable. Mais quel effort! Si la lecture de cette élaboration fut éprouvante (et encore manque t-il certainement des étapes), d’autant plus que l’article manque d’être richement illustré, songez donc ce qu’il en est de toutes ces tâches à réaliser effectivement pour avoir du pain!
Mais il s’agit là de travail vivant, en ce sens qu’il implique pleinement l’être dans sa sensibilité, qu’il n’y a pas de mise en abstraction, que le producteur fait corps avec son travail dont dépend l’assouvissement de ses besoins sans la médiation de l’argent. A ce propos, pas plus tard qu’hier soir, mon amie dont le travail, comme de plus en plus de gens, implique d’utiliser un ordinateur presque toute la journée, s’est laissé aller à une défense de la médecine moderne. Disant que dans de nombreux cas, les gens risquaient de mourir pour des raisons qui ne sont plus aujourd’hui d’actualité. Certes, lui répondis-je, on risquait de mourir, mais à l’époque on avait aussi une chance de vivre. Tandis que dans les sociétés industrielles ou post-industrielles tertiarisées, y a-t-il une vie avant la mort ? La question se pose. Bref, laissons de côté cet autre débat.
A la suite du battage mentionné ci-dessus, l’étape de la fabrication de pain aussi mentionnée, aura lieu à Montreuil, le samedi 19 novembre 2011. Plus d’infos nous seront fournies par les co-organisateurs. A bientôt donc.
Au sujet du titre, ai-je précisé que la moisson fut exceptionnelle, non par le rendement à l’hectare, mais par le seul fait qu’il y en ait eu une?
Par ailleurs, en dehors du jeu de tarot, on peut noter qu’une grande partie des proverbes élaborés au cours des âges, et encore en usage aujourd’hui, font référence à une étape ou une autre de l’élaboration du pain. Montrant ainsi l’importante place que ce travail a pris, et comme preuve de sa présence de l’imaginaire collectif encore actuelle. On a par exemple (dans l’ordre des étapes de production de pain) : « Mettre la charrue avant les boeufs ». « Séparer le bon grain de l’ivraie ». « On peut pas être à la fois au four et au moulin ». « Pour une bouchée de pain » « Manger son pain blanc ».
rectificatif: la fête du pain se fera le 19 novembre et pas le 26!
Oui, c’était pas de prévu à ma connaissance…
Sinon, sinon, attention!
On trouvera sur la carte d’atout 18 du jeu de tarot, une scène de battage de blé.
Et d’autres étapes de la moisson sur d’autres cartes…
Si, si, Jeuf va un peu vite dans sa réponse. On va essayer de faire un diaporama de la totalité de l’événement.
On l’a fait les deux années précédentes et on va s’efforcer de récidiver.
Lors de la fête du pain (cuisson) le samedi 26 novembre, rue Ernest Savart à la maison de quartier Gérard Rinçon.
On vous y attend.
A bientôt
Pas de prévu
Y aura-t-il un documentaire (video/diapo) sur le semis, le fauchage, le battage, le meulage et la panification ?
A bientôt.
Albert
Bonjour,
Oui, car quand on travaille tous ensemble c’est un pour tous , tous pour un. C’est ainsi que devrait tourner le monde… Il faut le remettre dans le bon sens, y compris ceux qui travaillent pour eux-mêmes et contre tous.
Quand aura lieu la prochaine fête des associations?
Bonne journée
Michel
Précisons que l’ensemencement , la récolte,on t aussi fait l’objet de travaux collectifs au sens de l’humus, cette année et l’an dernier.